- 92 -Noël-Gaudreault, Monique; Gervais, Flore: Représentation de l'enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse 
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4.2. Le clone-objet

L’importance du clone-objet tombe sous le sens en ce qu’il favorise la réflexion sur l’avenir de l’espèce humaine. Il draine vers lui la majorité des questions que suscite actuellement à l’échelle planétaire, le clonage humain. La caractérisation et la mise en histoire du clone-objet encourage la réflexion du lecteur adolescent sur les enjeux socio-éthiques du clonage à partir du matériau de base que constitue l’édifice romanesque et littéraire au sein duquel le héros prend vie.

Dans les œuvres du corpus sélectionné, deux sous-types de clones-objets sont identifiables : 1. La réserve de « pièces de rechanges » et 2. Le clone sériel.

4.2.1 La réserve de « pièces de rechanges »

La scène ressemble à la genèse de l’humain selon Empédocle, rapportée par Censorinus : « Au commencement des membres séparés sortirent ça et là de la terre, pour ainsi dire grosse. Ensuite, ces membres se réunirent et bâtirent la substance du corps humain, mélangée de feu et de liquide » (Dumont, 1991, p. 164). L’ordre des choses, pourtant, se voit renversé. Dans le cas du clone-objet, une infime partie de l’humain intégral permet, par manipulation génétique, la création de parties séparées. Ce fantasme de la culture d’organes – puisque c’est de celui-là dont il s’agit – apparaît dans presque tous les romans. Christophe Lambert, dans Clone Connexion, nous offre la vision d’horreur la plus saisissante, la possibilité – décrite ironiquement – de donner naissance à des clones sans tête :

Le siège de l’âme est le cerveau, non? Donc, pas de tête, pas de cerveau. Pas de cerveau, pas d’humain. Voilà qui est ›éthiquement correct‹. On garderait les créatures ainsi obtenues dans un frigo et on les dépècerait au fur et à mesure […]. (Lambert, 2002, p. 49)

L’évocation de pratiques du genre dans les romans sélectionnés sert à mettre en relief l’échec de ces expériences. Tous les clones-objets, de fait, s’avèrent des êtres « complets » menant une vie de Spartiate, obligés qu’ils sont de se tenir dans une forme impeccable pour le bénéfice des receveurs qui les ont « commandés ». Ces « produits de consommation » sont, pour certains, programmés pour leur destin. C’est le cas d’Ariel dans The Second Clone dont le corps est une assurance pour sa sœur Miranda, elle-même déjà un clone : « I am made for you. My destiny is you. […] » (Matas, 1999, p. 95)12

12« Je suis faite pour toi. Ma destinée, c’est toi. » (Matas, 1999, p. 95 ; traduction libre)
. D’autres clones-objets sont élevés et éduqués comme les humains dont ils sont la copie conforme. Dans le roman Alpha Clone, David – dont le code barre tatoué sur sa nuque indique son propriétaire – fait partie d’une famille de clones, double de la cellule familiale d’une famille riche. Enfin, le cas le plus intéressant, celui du clone Jonas 7, nous plonge dans une société au sein de laquelle existent des « robots euthanasiques », un « Ministère de la Reproduction », « une analyse de génome » obligatoire (Rabish, 2005), de même qu’une pratique vivement conseillée : la commande d’un clone à la naissance d’un enfant, un exercice si anodin qu’il fait l’objet d’une comptine : « Un, deux, trois, tu es libre toi, si tu es démuni, tu meurs de maladie, si tu es averti, ton
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