13On peut penser, à ce titre, à la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU du 24 février 2005 sur le clonage humain ou, en date du 29 avril 2005, à l’annonce, par l’Angleterre, de l’autorisation de la conception de « bébés-médicaments ». |
Le deuxième sous-type de clone-objet peut être dit « clone sériel ». Son utilité est avant tout économique. On retrouve dans ce cas, les « Farm workers » programmés pour cultiver l’opium dans The House of the Scorpion. Des êtres déshumanisés, ne répondant qu’à des ordres simples et ne faisant rien qui ne leur est commandé. Frédéric, le héros de Clone Connexion, est, lui, le premier d’une série de clones reproduits pour les caractéristiques uniques de l’humain source. Dans tous les cas, utilisés comme force de travail, le clone en série est le symbole d’un nouveau type d’esclavagisme.
Rare en LJ, on peut penser que notre troisième et dernier cas de figure – le clone-projection – occupe une place de choix dans les œuvres de la littérature générale. Dans notre corpus, il ne caractérise qu’un seul héros, celui de Nancy Farmer : Matteo Alacran. Ce personnage présente une caractérisation fort complexe qui oblige au doublé typologique. Il est, en effet, à la fois clone-objet et clone-projection. Le clone-projection, comme son nom l’indique, est un produit du narcissisme humain. Il ressortit au désir d’un individu qui, ayant une perception hautement positive de lui-même, croit qu’il mérite d’être cloné pour perpétuer sa propre image. C’est le cas d’El Patron dont Matteo, le clone, porte le véritable nom. De la même manière que les personnages romanesques vivent dans l’œil de l’écrivain-Dieu qui les a imaginés et les manipule, de la même manière le clone-projection vit dans l’œil de sa « source ». El Patron, bien qu’il ait créé Matteo pour en utiliser les organes et prétendre à une illusoire éternité (le magnat de la drogue a 148 ans à la fin de l’histoire), prend également un malin plaisir à observer son « protégé », l’image exacte et parfaite de lui-même.
Le clone-projection met en lumière, en quelque sorte, l’immense désir de survie de l’homme et, plus encore, sa quête incessante d’immortalité qu’illustre, de manière plus « vénielle », disons, le jeunisme des adultes dans nos sociétés occidentales.