de
l’univers représenté qui lui confère sa stature héroïque et permet de mettre en lumière
le débat sociétal auquel nous oblige le développement biotechnologique. En ce sens, le
clone-héros correspond parfaitement à la définition du héros littéraire, telle
qu’elle apparaît dans la plus récente édition du
Dictionnaire du littéraire (Aron,
2002) :
Le héros littéraire est le personnage dont la reconnaissance procède à la
fois d’une définition fonctionnelle – il est personnage principal, souvent
éponyme de l’œuvre – et d’une caractérisation axiologique – il est celui qui
porte (comme l’homonyme héraut), défend ou remet en cause les valeurs
dominantes de la société. (Aron, 2002, p. 263).
Dans les romans étudiés, le choc axiologique qui ressortit à la nature même du clone
personnage principal permet un rapprochement avec le héros tragique – ou héros
mythologique – dont la particularité première est d’être « glorieux par sa naissance »
(Aron, 2002, p. 263). Par son essence même, le clone, comme le héros tragique, est
un être d’exception à cause de naissance. Elle lui confère, dans un contexte
« quasi-réaliste » une posture extra-ordinaire et constitue, telle qu’en elle-même, la
dimension problématique du héros. À ce titre, ce n’est plus la « force » que tire le héros
de ses origines qui importe, mais plutôt, une « faiblesse » qui rappelle « l’impuissance
fatale » des héros du XIXe siècle, et dont est responsable la science. Mère du HGM,
cette dernière usurpe la place du Créateur, venant ici remplacer l’égide divine sous
laquelle évoluaient les héros de la mythologie. Cette complexité du personnage
correspond, enfin, aux impératifs qui président à la création de personnages dans les
œuvres destinées aux adolescents. Dans le récent ouvrage prescriptif d’Elaine
Marie Alphin – Creating characters Kids will Love (2000) –, l’auteure – suivant
en cela le mode habituel de ce type d’ouvrage sous forme de « How to » –
indique les règles de construction du héros pour adolescents. Il faut, écrit-elle,
créer
[…] a complex main character
with a dark side that threatens to overwhelm him, then pushing him to the
point where he must choose whether or not to give in to it. (Alphin, 2000,
p. 126)4
« […] un protagoniste complexe doté d’un côté sombre et menaçant, côté qu’il se voit
forcé, à un certain point, de choisir ou non […] » (Alphin, 2000, p. 126 ; traduction
libre).
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À ce titre, le clone, de fait, n’a pas le choix. Il est, tel qu’en lui-même, une ombre, une
sorte de daimon pullmannien de l’espèce humaine ; il est le côté sombre, l’ubac de
l’humanité.
3. Quête et caractérisation du clone en LJ
Bien que le clone ait déjà, par le passé, trouvé dans la littérature de science-fiction des
univers d’accueil congruents avec le rêve chimérique qu’il actualisait, son caractère
héroïque dans la LJ de date récente lui confère une épaisseur ontologique que les textes
d’hier lui refusaient. Dans les œuvres littéraires, il s’apparente étrangement aux jeunes
héros de la fin du XIXe siècle. Il est, comme eux, orphelin ou,