- 88 -Noël-Gaudreault, Monique; Gervais, Flore: Représentation de l'enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse 
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de l’univers représenté qui lui confère sa stature héroïque et permet de mettre en lumière le débat sociétal auquel nous oblige le développement biotechnologique. En ce sens, le clone-héros correspond parfaitement à la définition du héros littéraire, telle qu’elle apparaît dans la plus récente édition du Dictionnaire du littéraire (Aron, 2002) :

Le héros littéraire est le personnage dont la reconnaissance procède à la fois d’une définition fonctionnelle – il est personnage principal, souvent éponyme de l’œuvre – et d’une caractérisation axiologique – il est celui qui porte (comme l’homonyme héraut), défend ou remet en cause les valeurs dominantes de la société. (Aron, 2002, p. 263).

Dans les romans étudiés, le choc axiologique qui ressortit à la nature même du clone personnage principal permet un rapprochement avec le héros tragique – ou héros mythologique – dont la particularité première est d’être « glorieux par sa naissance » (Aron, 2002, p. 263). Par son essence même, le clone, comme le héros tragique, est un être d’exception à cause de naissance. Elle lui confère, dans un contexte « quasi-réaliste » une posture extra-ordinaire et constitue, telle qu’en elle-même, la dimension problématique du héros. À ce titre, ce n’est plus la « force » que tire le héros de ses origines qui importe, mais plutôt, une « faiblesse » qui rappelle « l’impuissance fatale » des héros du XIXe siècle, et dont est responsable la science. Mère du HGM, cette dernière usurpe la place du Créateur, venant ici remplacer l’égide divine sous laquelle évoluaient les héros de la mythologie. Cette complexité du personnage correspond, enfin, aux impératifs qui président à la création de personnages dans les œuvres destinées aux adolescents. Dans le récent ouvrage prescriptif d’Elaine Marie Alphin – Creating characters Kids will Love (2000) –, l’auteure – suivant en cela le mode habituel de ce type d’ouvrage sous forme de « How to » – indique les règles de construction du héros pour adolescents. Il faut, écrit-elle, créer

[…] a complex main character with a dark side that threatens to overwhelm him, then pushing him to the point where he must choose whether or not to give in to it. (Alphin, 2000, p. 126)4

4« […] un protagoniste complexe doté d’un côté sombre et menaçant, côté qu’il se voit forcé, à un certain point, de choisir ou non […] » (Alphin, 2000, p. 126 ; traduction libre).

À ce titre, le clone, de fait, n’a pas le choix. Il est, tel qu’en lui-même, une ombre, une sorte de daimon pullmannien de l’espèce humaine ; il est le côté sombre, l’ubac de l’humanité.

3. Quête et caractérisation du clone en LJ

Bien que le clone ait déjà, par le passé, trouvé dans la littérature de science-fiction des univers d’accueil congruents avec le rêve chimérique qu’il actualisait, son caractère héroïque dans la LJ de date récente lui confère une épaisseur ontologique que les textes d’hier lui refusaient. Dans les œuvres littéraires, il s’apparente étrangement aux jeunes héros de la fin du XIXe siècle. Il est, comme eux, orphelin ou,


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