Dès le
deuxième chapitre, on apprend que le professeur est trouvé mort dans sa classe. Dès
lors, de bourreau, il devient victime. La quête sera véritablement celle de l’inspecteur et
de sa collègue, Élisabeth Chamberland. Il s’agit donc de retrouver le coupable
pour remonter à l’origine du drame et expliquer le meurtre. Le héros semble
être l’inspecteur puisque Élisabeth Chamberland est sa subalterne, donc son
double en quelque sorte. Mais qui, de ce tandem, est véritablement le héros?
Comme avec le roman précédent, pour départager la vedette entre les deux
personnages, nous les avons scrutés à la lumière des procédés différentiels de
Hamon.
La désignation du héros
- La qualification différentielle, que nous avons établie à partir de l’étiquette du
personnage, s’enrichit des mêmes catégories tant pour l’inspecteur que pour
Chamberland (sexe, caractéristiques physiques et psychologiques, rôle social, etc.),
à la différence près que l’inspecteur n’a pas d’autre désignation que celle de son rôle
social – l’inspecteur – alors qu’Élisabeth Chamberland a non seulement un nom, un
prénom, mais aussi un surnom (Blanche-neige). En outre, à son rôle d’inspectrice
s’adjoint celui de mère d’un garçon de neuf ans, entourée d’une famille que l’on
croise au fil du roman (une sœur et un frère).
- Au chapitre de la distribution différentielle, si d’entrée de jeu l’inspecteur est appelé
par le chef de police qui lui confie l’enquête, immédiatement, sur les lieux du
crime, on le rencontre en compagnie de Chamberland. Les deux protagonistes sont
présents également à la fin du récit quand ils identifient le coupable au moment
où il passe aux aveux. Les deux personnages participent ensemble ou séparément
aux interrogatoires de mise. Toutefois, c’est Chamberland qui aura l’idée de génie
d’utiliser le test d’ADN afin de confondre le coupable. La distribution différentielle
se détermine aussi selon la fréquence des apparitions. L’inspecteur apparaît dans
douze chapitres sur quatorze alors que Chamberland n’en a que huit à son actif.
- En ce qui a trait à l’autonomie différentielle, il n’y a que Chamberland qui se
présente en solo. Il s’agit du moment où elle réfléchit chez elle la nuit et que
l’idée du test d’ADN surgit à son esprit. Quant à se présenter en compagnie des
autres personnages, les deux protagonistes sont en contact avec la victime et le
coupable ainsi qu’avec les suspects/témoins de façon presque équivalente. Toutefois,
l’inspecteur entre aussi en relation avec le médecin légiste et le chef de la police.
Pour ce qui est de la mobilité, les deux personnages fréquentent ensemble les lieux
d’importance. Si l’inspecteur se rend seul chez le médecin légiste ou chez l’un des
suspects, Chamberland se déplace à l’intérieur de l’école pour en interroger d’autres.
C’est chez elle qu’elle pense au test d’ADN.
- La fonctionnalité différentielle : les deux personnages assument sensiblement les
mêmes fonctions à ceci près que l’inspecteur reçoit de l’information à trois reprises
alors que Chamberland n’en bénéficiera que d’une.
- La désignation explicite comme héros : l’inspecteur
est honoré par l’auteur lui-même comme étant son « personnage principal »
(p. 5531
Soulières se joue de la pagination de façon exponentielle, se moquant sans nul doute des jeunes
lecteurs à qui le nombre de pages à lire rebute.
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),
mais point son héros.
- Les commentaires explicites : Chamberland ne reçoit que des commentaires
connotés positivement alors que pour l’inspecteur, c’est l’inverse. Ainsi, elle n’a
pas sa pareille dans l’utilisation du langage ou pour faire paniquer un innocent.
Ses