2« S. S. Van Dine, le créateur de l’enquêteur Philo Vance, publie ses fameuses « vingt règles pour le roman criminel », dans American Magazine, en 1928 (elles ne seront traduites en français qu’en 1941) » (Poslaniec et Houyel, 2001, p. 28). Le roman criminel sera par la suite appelé le roman à énigme. |
L’enquêteur est ici narrativement représenté par le tandem l’inspecteur et Chamberland. De prime abord, l’inspecteur serait le héros. Il est le supérieur hiérarchique de Chamberland, il est nommément désigné « personnage principal » par l’auteur, il apparaît plus souvent et côtoie plus de personnages que sa collègue. Pourtant, Élisabeth Chamberland a une étiquette beaucoup plus riche, elle nous est présenté en solo et c’est elle qui a la brillante idée du test d’ADN. En outre, le système d’évaluation de ses actions n’est construit que sur des commentaires positifs venant de ses collègues et surtout de l’inspecteur lui-même alors que ce dernier, à quelques reprises, est traité d’incompétent par le chef de police. Ne serait-elle pas dès lors l’héroïne, étant beaucoup plus différentiée et connotée positivement que son collègue? La question se pose.
Dans les deux romans de Soulières, le genre policier s’avère donc malmené, Le visiteur du soir se révélant plutôt un roman d’aventure et Un cadavre de classe une parodie. Il en découle que le héros n’est pas celui qu’on pense. En effet, selon le genre auquel ils sont supposés appartenir, le héros, dans les deux cas, aurait logiquement dû être l’inspecteur de police. Or il n’en est rien. L’analyse à l’aide des procédés différentiels de Hamon nous révèle que les apparences sont trompeuses et que la représentation du héros chez Soulières est loin d’être conventionnelle et stéréotypée. Ce serait-là une des nombreuses facettes de son humour et une formidable démonstration de sa créativité.