- 83 -Noël-Gaudreault, Monique; Gervais, Flore: Représentation de l'enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse 
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collègues se demandent même comment « une si jolie bouche » peut dire des choses aussi méchantes. Alors que le chef de police traite l’inspecteur d’incompétent, Chamberland, elle, démontre un savoir-faire professionnel, entre autres avec le test d’ADN. Même l’inspecteur se dit en lui-même « comment n’y avais-je pas pensé plus tôt et surtout le premier? » (p. 654). Il s’approprie d’ailleurs l’idée par la suite. Il reçoit même les félicitations du chef de la police à ce sujet, mais ne révèle rien de l’origine de cette intuition fulgurante (p. 953). Toutefois, il dira à Chamberland « Vous avez été merveilleusement parfaite dans toute cette enquête » (p. 952). Quant au savoir-vivre, même si l’inspecteur est courtois, il en manque totalement, nous confie l’énonciateur en aparté, quand celui-là lèche son couteau.

Un cadavre de classe est sans conteste un roman à énigme, parodique certes, en en présentant toutes les caractéristiques. D’ailleurs ceci est confirmé par Soulières lui-même puisque dans son roman, il insère treize des fameuses règles du roman à énigme telles qu’énoncées par Van Dine2

2« S. S. Van Dine, le créateur de l’enquêteur Philo Vance, publie ses fameuses « vingt règles pour le roman criminel », dans American Magazine, en 1928 (elles ne seront traduites en français qu’en 1941) » (Poslaniec et Houyel, 2001, p. 28). Le roman criminel sera par la suite appelé le roman à énigme.
en 1928. De plus, l’auteur tente de mettre en concurrence permanente le lecteur empirique avec l’enquêteur fictionnel par toutes sortes de moyens les plus farfelus les uns que les autres. Or certaines règles de Van Dine sont spécifiquement les règles du jeu de cette concurrence (Poslaniec et Houyel, 2001, p. 33).

L’enquêteur est ici narrativement représenté par le tandem l’inspecteur et Chamberland. De prime abord, l’inspecteur serait le héros. Il est le supérieur hiérarchique de Chamberland, il est nommément désigné « personnage principal » par l’auteur, il apparaît plus souvent et côtoie plus de personnages que sa collègue. Pourtant, Élisabeth Chamberland a une étiquette beaucoup plus riche, elle nous est présenté en solo et c’est elle qui a la brillante idée du test d’ADN. En outre, le système d’évaluation de ses actions n’est construit que sur des commentaires positifs venant de ses collègues et surtout de l’inspecteur lui-même alors que ce dernier, à quelques reprises, est traité d’incompétent par le chef de police. Ne serait-elle pas dès lors l’héroïne, étant beaucoup plus différentiée et connotée positivement que son collègue? La question se pose.

Dans les deux romans de Soulières, le genre policier s’avère donc malmené, Le visiteur du soir se révélant plutôt un roman d’aventure et Un cadavre de classe une parodie. Il en découle que le héros n’est pas celui qu’on pense. En effet, selon le genre auquel ils sont supposés appartenir, le héros, dans les deux cas, aurait logiquement dû être l’inspecteur de police. Or il n’en est rien. L’analyse à l’aide des procédés différentiels de Hamon nous révèle que les apparences sont trompeuses et que la représentation du héros chez Soulières est loin d’être conventionnelle et stéréotypée. Ce serait-là une des nombreuses facettes de son humour et une formidable démonstration de sa créativité.


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