deux adolescents, avant que tous trois partent en reconnaissance, que ce n’est
pas le temps de jouer aux héros (p. 93).
Pour la désignation du héros, outre le fait d’appeler « héros » le héros, le texte
possède tout un système d’évaluation des actions, bonnes ou mauvaises, qui se
révèle à l’analyse des commentaires explicites émis soit par le narrateur, soit par
un des personnages, soit par l’énonciateur, sur le savoir-dire, le savoir-faire et le
savoir-vivre des personnages.
Dans Le visiteur du soir, il y a peu à dire sur le savoir-dire des personnages sauf pour
Vincent qui sait parler aux filles (dixit Charles). Quant au savoir-faire, s’il est inhérent
au personnage de l’inspecteur si on en croit le narrateur, mais aussi le chef de police et la
directrice du Musée des beaux-arts, celui des deux jeunes protagonistes se développent
au fur et à mesure de l’intrigue. En effet, de gentlemen cambrioleur, selon le narrateur,
et de jeunes freluquets, aux dires de Jacob, ils sont par la suite désignés en termes de
collaborateurs – de l’inspecteur bien sûr – l’ayant habilement secondé, puis d’enquêteurs
et, enfin, de justiciers. L’inspecteur reconnaît même le flair à toute épreuve de Charles.
Quant au savoir-vivre, seuls Charles et l’inspecteur semblent en faire montre à
leur façon, le jeune étant délicat et souriant alors que l’inspecteur, aux belles
manières un peu surannées, est courtois et avenant. Les deux savent se faire
discrets.
Dans Le visiteur du soir, déjà le héros désigné narrativement est le duo
Charles et Vincent alors que selon le genre procédurier auquel appartient ce
roman, on pourrait s’attendre à ce que ce soit l’enquêteur, même secondé par ses
deux acolytes. En outre, l’analyse des procédés différentiels permettant de
distinguer le héros parmi les personnages principaux révèle que ce n’est pas
l’inspecteur Jacob qui est le plus différencié mais bien Charles. Il a notamment
participé à plusieurs moments cruciaux du récit et s’est présenté seul dans la
suite de l’action plus souvent et de façon plus déterminante que l’inspecteur
Jacob.
On le constate à cette analyse des procédés différentiels, Le visiteur du soir tiendrait
plus du roman d’aventure auquel s’est greffée une intrigue policière, que du roman
policier puisque le héros désigné s’avère être Charles et non pas l’inspecteur
Jacob.
Enquête sur le héros dans Un cadavre de classe
Compléments d’enquête
Pour ce qui est de la deuxième œuvre analysée, Un cadavre de classe, elle appartient au
roman à énigme puisque toute l’intrigue converge vers l’indentification du coupable dont
le mobile vient expliquer le meurtre commis. Grosso modo, Alfred Choquette, professeur
de mathématiques, qui a tout d’un tortionnaire, est trouvé mort dans sa classe. Comme
tout le monde le détestait dans l’école, tous les personnages – mis à part l’inspecteur et
son second –, sont avant tout des suspects. L’enquête dévoile qu’Alfred Choquette a été
empoisonné, disons involontairement, par le concierge monsieur Bay parce que le
professeur a brutalisé son fils naturel, Léo Legrand, la goutte d’eau qui a fait déborder le
vase.
L’incipit du roman présente Alfred Choquette perpétrant cet acte de violence sur
l’élève Léo Legrand en le projetant violemment contre les casiers du corridor.