- 80 -Noël-Gaudreault, Monique; Gervais, Flore: Représentation de l'enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse 
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  1. Le héros est déterminé à partir de la richesse de sa caractérisation. Déjà les trois « héros » potentiels du Visiteur du soir ont reçu une qualification différentielle plus riche que les autres personnages, si on se fie notamment aux catégories qui construisent leur étiquette (Hamon, 1983) au fil du récit et organisent ainsi la mémoire du lecteur le temps de sa lecture. À partir d’une coquille vide, généralement le nom ou le prénom, le personnage s’étoffe par couches successives. Il a un âge, un sexe. Il s’enrichit d’un passe-temps, d’un passé, d’une famille, d’un statut ou d’un rôle social, de traits physiques. Il a des qualités et des défauts, etc.

    Les catégories communes aux trois personnages sont nombreuses : nom, sexe, âge, famille, passe-temps, caractéristiques physiques et psychologiques, rôle social, habitudes, savoir et habiletés, etc. Toutefois, d’autres catégories ne sont pas applicables à tous, ce qui les différentie du point de vue de la caractérisation. Ainsi, la catégorie « domicile » est absente de l’étiquette de Charles, la catégorie « tenue vestimentaire », est à peine ébauchée dans le cas de Charles et de Vincent, alors qu’elle est assez développée pour l’inspecteur Jacob. Par ailleurs, si l’inspecteur n’a pas de prénom, nous avons dû introduire de nouvelles catégories (animal domestique, goûts, passé et même futur) que nous ne trouvons pas dans l’étiquette des deux adolescents quoi que Charles au cours du récit adopte un chien ou plutôt est adopté par lui.

    L’analyse de ce premier procédé de différenciation semble désigner l’inspecteur Jacob comme héros (vient ensuite Charles). Mais poursuivons notre investigation.

  2. Le héros bénéficie également d’une distribution différentielle. Notamment, il participe aux moments cruciaux du récit. De ce point de vue, le personnage de Charles est beaucoup plus étoffé que les deux autres en ce sens qu’il intervient au début et à la fin du récit et qu’il participe à plusieurs épreuves importantes, ce qui n’est pas le cas des deux autres personnages. Ainsi, il est kidnappé par les malfaiteurs et servira de monnaie d’échange contre la toile. C’est également lui qui retrouvera la trace des truands et aidera ainsi l’inspecteur à les épingler. La distribution différentielle s’établit aussi selon la fréquence des apparitions des personnages. À cet égard, nos trois héros ont la même fréquence.
  3. Le héros jouit d’une certaine autonomie différentielle. D’une part, il peut se présenter seul, en autant que ces moments de solitude permettent une certaine réflexion, une mise à distance ou une action qui fait avancer l’intrigue. À ce propos, Charles vit trois de ces moments alors que Vincent n’en vit que deux. Quant à l’inspecteur, ils sont insignifiants. D’autre part, le héros se présente en compagnie des autres personnages. Sur ce point, Charles et l’inspecteur Jacob s’équivalent : ils entrent en relation avec trois des quatre personnages secondaires et avec les quatre personnages ternaires du roman. Quant à la mobilité du héros, les trois personnages qui nous intéressent, ont sensiblement la même. L’action se déroule en sept lieux précis en plus du réseau de circulation urbain et des moyens de transport utilisés. Tout trois se déplacent d’un lieu à un autre, seul, à deux ou ensemble, suivant en quelque sorte le parcours de la toile volée.
  4. Du point de vue de la fonctionnalité différentielle, sur les six fonctions identifiées par Hamon, Charles et l’inspecteur Jacob en accomplissent cinq (sauf la réception d’un bien) alors que Vincent n’en n’assure que trois.
  5. La prédésignation conventionnelle. Dans Le visiteur du soir aucun des trois personnages n’est explicitement désigné comme héros, si ce n’est à contre-emploi quand Charles révèle sans aucune résistance la cachette de la toile en disant : « Ça servirait à quoi et à qui de jouer les héros (p. 64) » et quand l’inspecteur Jacob dit aux

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