judiciaires de déposer la toile de Lemieux comme prise au
concours du Carnaval et gagneront ainsi le trophée Arsène Lupin et la bourse qui
l’accompagne.
Les procédés différentiels
Comment dès lors départager entre le héros typique du roman procédurier, soit
l’enquêteur et le héros tel que pressenti dans Le visiteur du soir, soit les deux
adolescents? Pour la désignation du héros, nous nous sommes appuyée sur les
« procédés différentiels » distingués par Hamon (1977, p. 154–160) :
- « Une qualification différentielle. Le personnage sert de support à un certain
nombre de qualifications que ne possèdent pas, ou que possèdent à un degré
moindre, les autres personnages de l’œuvre » ;
- « Une distribution différentielle. Il s’agit d’un mode d’accentuation purement
quantitatif et tactique jouant essentiellement » sur les apparitions du héros aux
moments cruciaux du récit et sur leur fréquence ;
- « Une autonomie différentielle ». Alors que les personnages secondaires sont
« toujours en compagnie d’un ou plusieurs personnages », […] « le héros apparaît
seul ou conjoint avec n’importe quel autre personnage ». Cette autonomie et cette
liberté associative lui offrent l’opportunité de recourir aussi bien au monologue
qu’au dialogue. Il jouit également d’une plus grande « mobilité topologique qui ne
le confine pas en un lieu prédéterminé » ;
- « Une fonctionnalité différentielle ». La fonctionnalité réfère aux fonctions qui
permettent de différencier une étiquette sémantique d’une autre. Hamon distingue
six fonctions ou actions dont le héros est le support : réception d’un adjuvant ;
mandement ; acceptation d’un contrat ; réception d’une information ; réception
d’un bien ; lutte victorieuse ;
- « Une prédésignation conventionnelle ». Ici c’est le genre qui définit a priori le
héros. Le genre fonctionne comme un code commun à l’émetteur et au récepteur
en lui imposant des lignes de moindre résistance (prévisibilité totale) ;
- « Le héros peut être, enfin, désigné comme tel par un commentaire explicite ».
Le texte propose alors sa propre perspective, il « se fait accompagner de tout un
appareil évaluatif à fonction métalinguistique (le texte parle de lui-même, de ses
propres structures et modes de consommation) ». Ces commentaires évaluatifs et
modalisants seront donc « le lieu privilégié de manifestations d’une compétence
culturelle (prise en charge par un narrateur ou un personnage) ». Ils se regroupent
autour de trois pôles : « langage : les discours des personnages sur le discours des
autres personnages donneront lieu à des commentaires sur leur savoir-dire » ; « la
techné : l’activité technologique des personnages […] donne lieu à des commentaires
sur leur savoir-faire » ; « la relation sociale quotidienne, toujours plus ou moins
ritualisée ; les relations entre sujets, médiatisées par des normes […] donneront lieu
à un commentaire sur leur savoir-vivre ».
La désignation du héros
Dans Le visiteur du soir, des trois personnages principaux lequel est véritablement le
héros? Pour désigner le héros, qui de Charles ou de Vincent, qui de l’inspecteur Jacob,
nous avons donc analysé ces trois personnages à la lumière des « procédés
différentiels » de Hamon.