pour les
Persans, les Chinois et les Turcs, notamment, aura des retombées en littérature de
jeunesse mis à la mode, selon Lepage (2000), en France, par l’abbé Barthélémy, et son
Voyage du jeune Anarcharsis en Grèce dans le milieu du IV e siècle avant l’ère
vulgaire (1788). Près de 80 ans plus tard,
Le Tour du monde en quatre-vingts
jours (1873), de Jules Verne, marque le début d’une nouvelle série de récits de
voyage.
Le Tour de France de deux enfants (1877), de G. Bruno, pseudonyme
d’Augustine Thillerie épouse en seconde noces du philosophe Alfred Fouillée,
est un roman d’apprentissage qui rejoint autant les jeunes que les maîtres.
Bruno « inaugure le genre du roman scolaire qui connaîtra un succès colossal et
durable : quelque 8,5 millions d’exemplaires vendus en un siècle » d’après les
données fournies par
L’Histoire du livre de jeunesse d’hier à aujourd’hui en
France et dans le monde (1993, p. 56). Le succès éditorial sans précédent
de ce récit connaîtra des retombées autant au Québec qu’en Suède avec
Le
Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, de Selma Lagerlöf, paru en
1907.
Au Québec, c’est sous le pseudonyme de Philéas Lachance qu’Émile Miller publie Mon
voyage autour du monde, dans la revue L’Oiseau bleu, de janvier 1921 à mai 1922.
Lemieux (1972) constate que cette invitation au voyage se poursuit avec le roman de
Claude Melançon, Par Terre et par eau, paru dans la revue La Ruche écolière, en 1927.
Désireuse de faire pour le Québec ce qu’a fait pour la France G. Bruno, E. Bertil
(anagramme pour liberté) signe, sous le mode ironique,le roman d’éducation, Le tour du
Québec par deux enfants. Ce récit de deux Franco-Manitobains partis à la recherche du
« cœur vibrant du Québec », a paru en 1986, dans le numéro 163 de la revue
Liberté.
À ce palmarès, s’ajoutent de nouveaux titres, à valeur documentaire, publiés après la
Deuxième Guerre mondiale. Citons de l’oncle Joey, pseudonyme de Jean-Charles
Beaudin, Autour du monde (1955) et trois titres de Jacques Hébert parus au début des
années 1950 : Autour de l’Afrique (1950), Aventures autour du monde qui réunit, sous
la même bannière, le triptyque publié en 1952 : L’Extrême–Orient en feu,
L’Inde aux mystères et l’Asie musulmane et, en 1953, Nouvelle aventure en
Afrique.
Cette période littéraire, à connotation didactique, vise à transmettre au jeune lectorat
des notions prônées par l’Église, en terre franco-canadienne, pour développer l’esprit
nationaliste et patriotique des jeunes avides également d’aventures. Les jeunes héros
adjuvants, mis en scène, s’approprient l’espace national, intègrent les valeurs prisées par
les autorités religieuses en place et relèvent des défis à leur mesure alors que l’autre est
perçu comme l’opposant, qu’il soit Amérindien, Anglais ou autre. En dépit de son jeune
âge et de ses origines modestes, le héros incarne alors un personnage exemplaire.
Toutefois, ce personnage se transforme considérablement dans les publications qui
paraissent de 1945 à 1960.
2.2. La période hagiographique
Chevauchant la première, la seconde période se retrouve plus spécifiquement dans les
récits missionnaires, à vocation hagiographique. Le but est de contrer l’effet néfaste des
romans en offrant à lire des « écrits qui se rapprochent de l’autobiographie ou du
journal de mission et qui retracent le séjour d’un ou de plusieurs missionnaires en terre
étrangère » note Lepage (2000, p. 183). Les romans profitent de l’engouement