vigueur physique,
outils de réussite, etc., il s’agit seulement pour eux de les leur révéler, ce qui nous
ramène au savoir…
Comme tout roman jeunesse, Retrouver Jade et Le secret de l’hippocampe sont
porteurs de valeurs et de messages à l’usage des jeunes lecteurs et lectrices adolescents.
La grande affaire, le grand souci des adolescents, la sexualité apparaît sous deux jours
particuliers : pervertie, elle est la source de grands malheurs ; hétérosexuelle
ou homosexuelle, entre partenaires consentants, elle est porteuse de grandes
joies.
Un adulte peut servir de mentor, ce qui n’exclut pas une certaine prudence dans la
mesure où les risques de pédophilie sont présents (on le mentionne dans les deux romans
étudiés).
À part l’obligation de laisser faire le qu’en dira-t-on, et de se blinder contre le rejet,
voici maintenant quatre règles de conduite formulées par les mentors :
- « On vit mieux quand on choisit de vivre » (RJ, p. 54)
- « Le monde est rempli de choses intéressantes, simples et accessibles » (RJ, p. 137)
- « Il y a une personne sur laquelle tu dois pouvoir toujours compter, et cette
personne-là, c’est toi » (LSDH, p. 166)
- « Tu as le droit d’être différent et de garder la tête haute » (LSDH, p. 204)
En règle générale, l’auteur d’un roman jeunesse est un adulte qui a acquis une certaine
expérience de la vie et des êtres humains ; comment pourrait-il éviter de transmettre
quelques informations sur sa vision du monde? Comment pourrait-il trouver meilleur
porte-parole que le mentor?
Conclusion
À travers l’étude de ces deux romans, notre apport majeur est, croyons-nous, d’avoir
souligné le rôle du mentor dans la résolution de la crise du héros. Celle-ci passe par
l’acquisition ou l’évolution du vouloir, du savoir et du pouvoir de l’adolescence. Dans
quelle mesure celle-ci peut-elle se passer sans un « passeur »? En va-t-il de même pour
les romans destinés aux filles? Qu’ils soient directifs ou non, existe-t-il plusieurs types de
mentors en littérature de jeunesse? Quelles stratégies utilisent-ils donc pour motiver,
faire agir et faire grandir leur protégé? Quels types d’épreuves les personnages
principaux ont-ils à subir et à surmonter? Étendre ultérieurement la recherche à un
corpus plus vaste d’autres romans pour adolescents nous apporterait sans doute quelques
éléments de réponse.
Au début, Daniel et Gaël étaient des anti-héros, lourds de leur surcharge dépressive.
Le roman de formation montre comment, pour accéder au statut de héros, ils endossent
des rôles nouveaux : pour Daniel, celui d’enquêteur ; pour Gaël, celui de professeur de
lecture et de partenaire amoureux. Le remède draconien à la dépression du premier est
de s’oublier lui-même pour sauver quelqu’un de plus malheureux que lui, Jade. Pour
Gaël, le défi est double : faire grandir son mentor dans un domaine qu’il n’a pas eu la
chance d’explorer, et faire l’effort personnel de sortir de la confusion des sentiments,
d’oser reconnaître sa vraie nature et de l’accepter. Notons cependant, qu’il n’a pas
encore révélé son secret à ses parents ni à ses pairs, sa meilleure amie mise à
part.