- 45 -Noël-Gaudreault, Monique; Gervais, Flore: Représentation de l'enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse 
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Quatre éléments de ce commentaire retiendront notre attention : la générosité des illustrations et leur humour, l’identification et le comportement des personnages-animaux, le genre sexué (gender) et les métamorphoses vestimentaires des deux comparses, puis, finalement, la nature, l’évolution et les connotations hiérarchiques de leur relation.

Or, on l’aura remarqué à la lumière de notre bibliographie, la sériation ne se spécialise qu’avec la mise en veilleuse de la collection Chatouille en l’an 2000, tout comme dans les titres cette spécialisation implique une rupture partielle du « couple » Toupie-Binou. La joyeuse et ludique paire ne poursuivra ensemble ses aventures que dans la collection Galipette, qui constitue comme une transition entre le format bébé-livre et l’album ; quant au petit Binou, séparé de son acolyte, il est maintenant destiné au plus jeune lectorat. Choix de l’auteure et de son éditeur ou exploration morcelée des tendances quelquefois contradictoires de la série originelle? La question mérite un bref examen.

En effet, nommer une collection Chatouille, c’est en soi un contre-programme pédagogique où l’enfant colecteur sera sans doute plus « proactif » ou créateur. En proposer une autre qui s’appelle Galipette, clin d’oeil à la turbulence de l’enfant, s’avère un acte encourageant le zéro de conduite. On est loin, par exemple, des bébés-livres ritalinisés de Caillou. Pourtant, le rapport de complémentarité entre les collections respecte bien les règles du genre et du format. Les Binou s’adressent aux enfants au premier stade de la possession de l’objet-livre, Chatouille aux enfants âgés d’un an et plus, et Galipette à ceux qui pourront sous peu obtenir des albums sans l’encadrement des parents ou sans penser les détruire. De plus, chacune de ces séries s’articule selon une progression semblable aux Caillou et à toutes les autres collections disponibles sur le marché (Pouliot et Lacroix, 2001, p. 29–32). Les Binou offrent un inventaire et une première connaissance du monde grâce au rapport entre le mot et la chose (Binou en couleurs, Binou et les sons, etc.) pour ensuite aborder les premières émotions et les expériences fondatrices de la vie (Comment ca va, Binou?, Brave Binou, etc.). Les Chatouille traitent d’abord d’une expérience-clé de l’évolution de l’enfant (Toupie a peur, Le Bobo de Toupie, Toupie dit Bonne nuit, etc.) pour explorer par la suite les jeux autonomes des petits enfants et leur appropriation du champ culturel (Toupie raconte une histoire, Toupie se déguise, Toupie fait la sieste), bref on passe du stade apprentissage passif par le contact direct avec la réalité à celui de l’apprentissage proactif grâce à l’imagination. Quant aux Galipette, on le verra en conclusion, c’est l’arrivée dans une autre univers culturel, embryonnaire dans les Chatouille.

3. Toupie et Binou recréateurs du monde

Pourtant, chaque album, même le plus élémentaire, dépasse ou parodie les enjeux et les normes du genre. Par exemple, le premier volume de la série Binou, Coucou, Binou! se joue déjà des poncifs du genre. Chaque dessin, avec l’apport de nouveaux mots décrivant une partie du corps , donne un trait ou un membre supplémentaire au personnage, comme si l’apprentissage du vocabulaire créait le chat Binou qui se compose sous nos yeux et comme si le livre se faisait concurremment au processus d’apprentissage : 1- « D’abord la tête et les oreilles… » ; en regard : un ovale blanc


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