- 36 -Noël-Gaudreault, Monique; Gervais, Flore: Représentation de l'enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse 
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de tout ce qu’il peut faire ses mains, expression métonymique des forces qui sont en lui. Il apprivoise la nouvelle situation en dessinant, en transformant son histoire préférée qu’il raconte au compagnon de peluche. À la fin, son cœur est « presque complètement recousu » (p. 44).

Les personnages handicapés par leurs propres faiblesses ou par celles des autres sont donc les plus nombreux chez Tibo. À l’exception de la Petite fille qui ne souriait plus, ce sont tous des personnages masculins. Le parcours romanesque consiste généralement à vaincre le handicap. En revanche, les deux personnages surdoués de Choupette et Noémie débordent de solutions pour régler des problèmes extérieurs à elles.

L’effet-personnage

Quels procédés textuels permettent aux héros de rejoindre leurs lecteurs? Vincent Jouve, dans le sillage des travaux de Michel Picard (1986), distingue trois effets de réception : l’effet-personnel, l’effet-personne, l’effet-prétexte. Ces trois effets, qui se superposent dans la plupart des lectures, avec la dominance plus ou moins marquée de l’un ou de l’autre, correspondent à trois régimes de lecture : le lectant, qui investit le texte de manière intellectuelle ; le lisant, qui l’investit de manière affective, et le lu, de manière pulsionnelle. Le lisant est assurément le plus sollicité en littérature jeunesse. Selon Jouve, ce régime est celui du « consentement euphorique à la fiction » par l’enfant qui subsiste dans l’adulte ! (1992, p. 85) L’auteur rappelle à ce propos que les premières lectures sont la matrice des lectures ultérieures et que « lire est un désir d’enfance » (p. 86).

À l’effet-personne perçu par le lisant correspond ce que Jouve appelle le système de sympathie. La connaissance approfondie des personnages est indispensable au fonctionnement de ce système. Selon le théoricien, les thèmes qui nous renseignent le plus sur l’intimité du personnage sont l’amour, l’enfance, le rêve et la souffrance. Tous ces thèmes sont exploités chez Tibo qui les adapte pour un lectorat juvénile. Les narrateurs à la première personne racontent souvent leurs rêves. Dans la série Petit géant, l’activité onirique prédomine. Amour et souffrance sont souvent liés : solitude du petit maudit, secret de la petite fille qui ne souriait plus, affres de la jalousie chez Noémie, tiraillement de Guillaume entre ses parents séparés, désir chez le petit géant de visiter le monde, sans toutefois quitter ses parents. Certains adultes, dans les séries Choupette et Noémie, reçoivent un traitement assez détaillé pour que l’on puisse également parler d’effet-personne. Jouve établit une distinction entre les personnages retenus et les personnages livrés, qui peuvent être distanciés ou proximisés (1992, p. 176–192). D’abord retenu, le personnage de madame Lumbago est livré dans le quatrième épisode. Son récit contrebalance le regard un peu protecteur et supérieur que l’enfant posait sur sa gardienne illettrée et craintive. Les adultes de Choupette se livrent à l’enfant en lui soumettant les problèmes qu’ils tentent de résoudre. Dans cette optique, on peut les considérer comme des héros. En revanche, dans les récits à deux personnages enfants, l’enfant non-narrateur livre peu de lui-même.

En terminant, nous observerons plus précisément les présences respectives des trois effets-personnages : personnel, personne et prétexte, dans quelques-uns des


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