de classe qui réussissent tous à marcher sur le tronc d’arbre, la direction de
l’école qui fait enlever le tronc d’arbre. Le directeur, par son geste, met fin à la
quête du jeune héros et empêche de réaliser la performance par l’action. À part
David et le précipice, chacune des peurs est vaincue et le personnage en sort
grandi.
L’importance hiérarchique du personnage
Le troisième volet de la grille de Hamon, portant sur l’importance hiérarchique, sert à
expliquer le statut du personnage en tant que héros à travers six paramètres, qui
définissent « l’héroïté » du personnage : la qualification, la distribution, l’autonomie,
la fonctionnalité, la pré-désignation conventionnelle et le commentaire explicite du
narrateur.
La qualification permet de mettre en lumière la quantité et la nature des
caractéristiques attribuées au personnage. La peur qui habite David le caractérise
entièrement. Pratt l’illustre extrêmement bien dans la pantomime du personnage. Ses
peurs, rationnelles ou non, se transforment même en angoisse et deviennent le
véritable reflet de conflits internes. Elles provoquent même des cauchemars lors
desquels se concrétisent ses peurs : le chien lui saute à la gorge, des scorpions
et des arrache-nez veulent le faire cuire dans une marmite et le manger, sa
grand-mère se réveille dans son cercueil. Il vit donc ses appréhensions par le
cauchemar. Il joue également à se faire peur avec son ami Simon en lui racontant des
histoires pour exorciser ses craintes. Tous les récits s’organisent donc autour de la
peur.
La distribution se définit par le nombre des apparitions du personnage et l’endroit du
récit où elles se présentent. David, personnage principal de la série, meuble
en entier le récit. Nous constatons que le protagoniste se sent bien le jour et
en ville. Il en est tout autrement le soir, en forêt et dans des lieux inconnus.
C’est à ce moment que seront provoquées ses craintes. La classe, lieu privilégié
d’échanges avec l’enseignante Rachel, amène un effet apaisant sur les peurs de
David.
En ce qui concerne l’autonomie du personnage, David est en relation de dépendance
avec les personnages adultes. Il a besoin d’eux afin d’affronter ses peurs. Il dépend
également de ses sentiments, car il se laisse souvent emporté par la peur. À ce moment, il
ne semble plus apte à faire la part des choses entre la réalité et son monde imaginaire.
Le silence de la forêt, par exemple, devient la clé qui permet l’entrée dans l’imaginaire.
Il rencontre alors un loup qui lui demande : « Que se passe-t-il, jeune homme? Pourquoi
est-ce que tu ne chantes plus? (David2, p. 35) » L’autonomie du personnage remet en
question son rôle de héros et le relègue, par toutes ses indications, au rang
d’anti-héros.
D’un point de vue fonctionnel, David est reconnu comme le héros puisqu’il pose des
gestes décisifs pour contrer ses peurs et il tente de se défaire de celles-ci. Il réussit à
apprivoiser le chien en le nourrissant, il affronte les monstres de la forêt en chantant, il
livre des paquets chez une sorcière, il dessine ses cauchemars pour les évacuer de ses
nuits, il salue une dernière fois sa grand-mère au salon funéraire. Dans David et l’orage,
il est reconnu comme un héros par tous à la fin du récit, alors qu’il a eu très peur de
l’orage et du tronc d’arbre tombé sur le toit de la maison. Il sait au fond de lui qu’il n’a
rien d’un héros, mais il se garde bien de le divulguer. Dans David et le précipice, il
acquiert assez de confiance en lui pour traverser le