lui
donne le choix d’entrer ou non dans le salon funéraire. L’arrivée de sa cousine
Marie-Ève réveille l’orgueil en lui et l’incite à franchir la porte : « Grâce à
Marie-Ève, je me sens plus courageux (David7, p. 25) ». La petite fille est plus
fonceuse que l’anti-héros de Gravel. Le salon devient alors un labyrinthe où
David tente de suivre sa cousine jusqu’à ce qu’il se retrouve devant le cercueil.
Encore une fois, le personnage de David se prend en main et tente de vaincre
ses peurs en souhaitant bon voyage à sa grand-mère. Son orgueil et le hasard
sont ses alliés en plus de sa cousine qui lui transmet tout son courage bien
involontairement.
Le faire du personnage
Outre la définition de l’être de David, l’étude du personnage ne saurait taire les actions
de ce dernier. Le « faire », dans la grille de Hamon, s’appuie sur le rôle thématique
et le rôle actantiel. Le rôle thématique explique le personnage par son type
psychologique ou social. L’axe préférentiel du personnage peureux David se rattache
à son profil psychologique, dans la mesure où il doit apprivoiser ses craintes
d’enfant.
Tous les parcours narratifs de David suivent un schéma similaire. La
manipulation s’explique par l’apparition d’un élément mystérieux générateur de peur
qui place le personnage devant un vouloir-faire qui le motive à se questionner sur sa
crainte. Cette motivation devient tellement forte qu’il se retrouve face à un devoir-faire,
qui est l’impossibilité de contourner cette peur. David acquiert sa compétence,
c’est-à-dire son pouvoir-faire et son savoir-faire, par ses interactions avec les adultes qui
l’entourent, avec son ami Simon ou sa cousine Marie-Ève. S’il ne trouve pas tout le
réconfort chez les adultes, il sait alors puiser à l’intérieur de lui pour créer sa propre
force. La performance ou l’accomplissement de l’action se produit lorsque David
confronte ses peurs. La sanction consiste en une évolution du personnage face
aux faits constatés dans le dénouement de l’intrigue et dans l’exorcisme de la
peur.
Dans un même ordre d’idées, le personnage se situe au sein d’un schéma
actantiel dans le récit. Le père incarne le destinateur, car David fait des livraisons
pour lui. Ces dernières le mènent à l’objet de sa peur : un chien, la forêt à
la nuit tombée, les hauteurs, la boulangère la nuit, l’orage et les monstres.
Les deux derniers titres font exception à cette règle. Dans David et les crabes
noirs, le jeune garçon est le propre destinateur de sa quête par le biais de ses
cauchemars. Dans David et le salon funéraire, c’est la mort de la grand-mère qui le
mène à sa quête. Lui-même destinataire de sa quête dans chacun des titres de
la série, il doit vaincre ses craintes pour acquérir son autonomie. Son chien
Fantôme est son premier adjuvant. Les personnages adultes jouent un rôle
déterminant dans la résolution des problèmes de David, car ils lui proposent
des moyens efficaces pour vaincre ses peurs. Son père est un adjuvant, car il
comprend les peurs de son fils : il a, par exemple, la même hantise des hauteurs
que lui. La tante Madeleine, sœur de son père, écoute David et tente de le
rassurer en lui donnant des conseils. Esther, sa belle-mère, lui redonne confiance
en avouant avoir eu peur de l’orage étant petite. David rencontre plusieurs
opposants au cour de ses récits : lui-même d’abord, ensuite Fantôme qui lui fait
peur, son grand-père qui ne le croit pas, les monstres de la forêt, ses camarades