- 14 -Noël-Gaudreault, Monique; Gervais, Flore: Représentation de l'enfant héros et anti-héros en littérature de jeunesse 
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ravin sur le tronc d’arbre, il rêve également qu’il y parvient. Malheureusement, le directeur fait enlever le tronc d’arbre, après qu’un accident soit survenu. La sanction qui clôture cette quête est le déplacement de « l’héroïté », pour reprendre les termes de Hamon, sur Jérémie, l’élève de sixième année qui est tombé dans le gouffre et s’est cassé la jambe : « Je pense à Jérémie, qui sera sûrement un grand héros avec son plâtre, et je pense que je ne serai pas un aussi grand héros, mais tant pis (David3, p. 43) ». À ce moment, le personnage se retrouve encore dans le rôle de l’anti-héros.

La pré-désignation conventionnelle, le mini-roman sériel dans notre cas, impose un certain nombre de caractéristiques au personnage principal. Ayant pratiquement le même âge que son lecteur, entre six et neuf ans, David raconte son récit à la façon d’un journal intime, ce qui favorise l’identification du lecteur. Tout comme l’enfant, parents et amis gravitent autour de David. Le personnage tente, tout comme l’enfant de 6–9 ans, d’acquérir une certaine autonomie face aux parents. Ces similitudes encouragent l’enfant et font du personnage un complice pour ce dernier. L’auteur utilise d’ailleurs des liens intertextuels que les enfants connaissent à travers les chansons ; pour contrer sa peur, David chante « Au clair de la lune », « Frère Jacques », « À la claire fontaine ». La série elle-même commande également certains éléments : le personnage n’évolue pas, il semble figé dans le temps. De plus, le même type d’intrigue et la même structure de récit se retrouvent dans chacun des livres. Chaque élément peut être remplacé par un autre et les livres peuvent être lus dans n’importe quel ordre. Les aventures ne sont pas présentées en suite, elles sont superposables.

Selon Hamon, il faut finalement tenir compte du commentaire explicite du narrateur. David n’aspire pas à devenir un super héros. Il désire seulement aller au-delà de ses propres limites : « Lundi matin, je ne serai peut-être pas le plus grand héros du monde entier, mais je serai au moins un héros pour moi (David3, p. 35) ». David se présente comme un anti-héros en disant : « Je n’ai rien d’un héros, au contraire! (David5, p. 41) ». Le personnage a donc une vision objective de lui-même.

En conclusion, nous constatons que la représentation de David s’avère à l’image de l’enfant, un être imparfait rempli de craintes face à l’inconnu. Il ne possède pas toute l’autonomie nécessaire pour comprendre et maîtriser ses peurs. L’anti-héros se dessine parfois très courageux et parfois très peureux. Tel l’enfant, il ne réussit pas toujours les défis qu’il se donne, mais il tente, avec beaucoup de volonté, de les relever à chaque fois. Il acquiert cependant son statut de héros dans les deux derniers livres de la série, où il combat ses chimères de manière autonome et trouve un moyen agréable de les apprivoiser. La série de Gravel est donc un rite de passage pour le personnage : ce dernier acquiert de la maturité et il tend à se transformer pour correspondre à l’image des héros qui le caractérisent par les références intertextuelles.


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