et en plus
il sont enterrés. Ils ne peuvent pas sortir, c’est impossible (David7, p. 7) ». Au
salon funéraire, David a peur que le mort, couché dans son cercueil ouvert,
se réveille. Ne voulant pas décevoir son père, il l’accompagne, mais retarde
délibérément l’arrivée au salon : « Mon père me dit de marcher plus vite,
mais je fais exprès de ralentir, même si je grelotte […] je traîne les pieds, et je
m’arrête à tous les coins de rue pour faire semblant de rattacher les lacets de mes
bottes (David7, p. 15) ». Les créatures fantastiques habitent les pensées du
personnage, et il sait qu’elles n’existent pas « dans la vraie vie ». Cependant, force
est de constater, encore une fois, que le personnage confond la fiction et la
réalité.
Dans David et le précipice, David a peur des hauteurs. Il ne traverse pas le ravin en marchant sur le tronc d’arbre comme le réussissent ses compagnons de classe. Il évalue justement le danger encouru et craint de se blesser : « […] je pourrais me fracasser le crâne et mourir ! (David3, p. 9) ». L’anti-héros associe la peur et le courage, car Marie, une petite fille de première année, arrive à traverser le ravin. Orgueilleux, il aimerait bien y parvenir aussi afin de ne pas être la risée de ses amis. L’emploi du caractère en italique souligne l’orgueil de David qui tente de cacher ses peurs au lecteur dans David et l’orage : « Je n’ai pas vraiment peur des orages, mais j’ai quand même un petit peu peur (David5, p. 11) ». Cet orgueil montre son désir de se prendre en main et de se donner du courage : « Ce sera bientôt mon anniversaire […] Alors j’ai décidé de prendre de l’avance et de me faire un cadeau : j’arrête d’avoir peur ! À partir d’aujourd’hui, je n’aurai plus peur de rien ! Enfin, de presque rien… (David2, p. 28) ». David tentera de vaincre ses angoisses en essayant de comprendre pourquoi il a peur et comment il peut agir pour ne plus ressentir la peur. Le récit à focalisation interne de David se teinte d’une déformation évidente des faits, chacune des émotions ressenties sera rejetée sur son chien : « Mon chien a encore plus peur que moi ! (David5, p. 33) ». La projection de ses peurs sur son animal de compagnie sécurise David. Il recrée cette déformation en croyant que les adultes ressentent les mêmes émotions que lui à des degrés différents. Des signes de surprise sont interprétés comme des signes de peur chez ses parents lors du premier coup de tonnerre retentissant dans l’histoire. Par l’énumération de toutes ces peurs et de ces réactions, nous constatons que le côté psychologique du personnage est développé en profondeur dans cette série. Quant au portrait biographique du personnage, il fait référence au passé et permet de soutenir la vraisemblance de la description psychologique. Dans les trois premiers livres de la série, David est entouré d’êtres masculins : il vit avec son père, sa mère étant décédée à sa naissance. Il faut d’ailleurs se demander si l’insécurité de David n’émane pas de la perte précipitée de la mère. Les deux premiers livres sont marqués par une idéalisation du père : « Mon père est un homme très important. Il ne peut jamais quitter son magasin, alors c’est moi qui dois faire ses commissions4
|