dans l’Histoire de Noureddin Ali : « Le nouveau marié est un bossu que vous
reconnaîtrez aisément. Mettez-vous à sa droite en entrant, et, dès à présent, ouvrez la
bourse de sequins que vous avez dans votre sein, pour les distribuer aux joueurs
d’instruments, aux danseurs et aux danseuses dans la marche » (MN, vol. 1,
p. 318) ;
moyen quand, dans le contexte immédiat de l’énoncé où il en est fait mention, certains
personnages, secondaires ou principaux, jouent d’un instrument, chantent, ou
écoutent attentivement la musique, sans que cette dernière n’ait d’influence sur la
trame narrative, comme dans cette citation extraite de l’Histoire du troisième
calender : « Quand tout fut prêt, elles m’invitèrent à me mettre à table. Les
dames s’y assirent avec moi […]. Celles qui devaient jouer des instruments et les
accompagner de leurs voix se levèrent et firent un concert charmant » (MN, vol. 1,
p. 192) ;
élevé quand, dans le contexte immédiat de l’énoncé où il en est fait mention, certains
personnages, secondaires ou principaux, jouent d’un instrument, chantent, ou écoutent
attentivement la musique, de sorte que cette dernière provoque des rebondissements dans
la trame narrative, comme dans Le roi Barbabec : « Le pauvre entra, loqueteux,
guenilleux et chanta devant le roi et devant sa fille pour demander humblement,
quand il eut fini, une modeste aumône. – Ta chanson m’a tellement plu, dit le
roi, que je vais te donner ma fille comme épouse » (Grimm, vol. 1, p. 294).
Si le nombre total de citations « musicales » est plus grand dans les MN (100 contre
74), la proportion de citations ayant une importance élevée pour la trame narrative y est
deux fois moindre, avec 22% contre 45%. Ainsi, il existe une forte tendance, dans les
MN, à réduire la musique à un simple facteur de culture première (Dumont, 1969) :
on y joue de la musique comme on y mange, boit, marche ou s’habille. Dans
les CG, on observe plutôt la tendance inverse : quand un élément musical
est mis de l’avant, il est le plus souvent connoté d’une fonction esthétique ou
narrative essentielle au déroulement de l’histoire. Le tableau 2 présente la liste des
contes des deux recueils dans lesquels on accorde une importance élevée à la
musique.
3.1.2 Les rôles de la musique
- Comme on pouvait s’y attendre, la musique joue le plus souvent le rôle de divertissement,
avec 69% des citations pour les MN et 57% pour les CG. Cependant, dans
35% des cas répertoriés dans les MN, le divertissement – presque toujours
présenté par des esclaves – a lieu à table, pendant ou immédiatement après un
repas, alors que cette précision n’est apportée que deux fois en tout dans les
CG.
- L’utilisation de la musique à des fins militaires ou pour agrémenter la marche, ainsi que –
dans une moindre mesure, cependant – pour les annonces solennelles, est commune aux
deux recueils.
- Les chants d’amour ou de louanges, souvent improvisés, apparaissent typiquement
orientaux (avec 13 citations dans les MN contre une seule dans les CG), et jouent presque
toujours un rôle de premier plan dans la trame narrative, celui d’émouvoir : « Pour
être plus en particulier, Schemselnihar retint seulement auprès d’elle les dix
femmes noires, avec dix autres qui savaient chanter et jouer des instruments ;
[…] elle chanta des paroles tendres qu’une des femmes accompagna au son de
son luth. [Son prétendant] chanta à son tour une chanson […] et, en chantant,
les pleurs lui coulèrent des yeux abondamment […] » (MN, vol. 2, p. 85–86).
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