fatidique, CG le décrit
en train de retenir son souffle, hésitant à intervenir, dépassé, vaincu par le surnaturel
(p. 115).
La foule assemblée chez les Latulipe
Chez PADG, elle est traitée en actant collectif (Hamon, 1977), d’où se détachent
quelques figures généralement anonymes : plusieurs personnes, une sainte femme, deux
jeunes maquignons (intéressés par le superbe cheval noir)…
Chez R.S., trois figures se détachent ; deux membres de la famille mentionnés trois
fois : l’oncle Antoine et la tante Armande, affolés et scandalisés, ainsi qu’un ami, Alexis
Beausoleil.
Parmi les danseurs, un sous-groupe se détache chez Cécile Gagnon : les jeunes filles
envieuses de Rose (p. 114)…Psychologie féminine?
Chez Gagnon et Soulières, on explique la puissance de la rumeur (inconnue des
jeunes lecteurs citadins), et la rapidité avec laquelle elle se répand. Soulières
donne la parole successivement à six personnages qui, tour à tour, manifestent
surprise, incrédulité, émotion ou regret superficiel (« Un si bel homme! »)
(p. 27).
Des valeurs nuancées
Le respect des traditions, l’hospitalité et la religion sont battues en brèche par le
cynisme, l’abus de confiance et les divertissements. Cependant, les deux versions
modernes n’ont pas vraiment éliminé la pratique religieuse : le minimum en a été
conservé (diable, mardi gras et le carême du mercredi des Cendres). Ce n’est plus le goût
excessif pour la danse qui entraîne la chute du personnage féminin, ni la sagesse
populaire qui s’oppose à l’inconscience de la jeunesse, mais bien la transgression de
l’interdit, le non-respect de la parole donnée. La transgression , à son tour,
s’explique par une force plus grande que tout et Rose apparaît victime d’un
maléfice, donc exonérée de tout blâme. Pas de morale explicite, mais dans les deux
versions contemporaines, pourrait-on voir la manipulatrice manipulée, le père
faible puni, la beauté comme une fatalité, ou encore l’hégémonie des forces du
mal?
Conclusion
L’histoire de Rose Latulipe est un mythe dans la mesure où on rapporte un évènement
extraordinaire, dont le personnage principal est un être surnaturel : le diable du récit
étudié révèle son affiliation au groupe des démons de l’enfer commandés par Lucifer, un
ange déchu. Cependant, de nos jours, ce mythe peut-il avoir le même sens que celui qu’il
avait pour des lecteurs imprégnés de la foi catholique, jusqu’aux années soixante? La
légende, de son côté, met en scène un être humain particulier, Rose Latulipe.
Elle n’est pas devenue sainte, mais ses années de couvent (chez PADG) lui ont
permis de se racheter aux yeux de tous. Sa réalité historique peut-elle être
prouvée?
À notre avis, cette histoire transmise par nos écrivains jeunesse contemporains et
présentée comme légende est devenue un conte. Ce récit imaginaire, teinté de