- 74 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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femme est fréquente. Ici, l’événement se déroule pendant une veillée du mardi gras, comme il y en avait beaucoup dans les villes et villages de campagne du début du siècle. » Plus bas, sur la même page, figure une carte simplifiée du Québec, comme pour chacun des contes du recueil. Enfin, des notes en bas de page expliquent les termes régionaux chez Gagnon (il y en a 5) ; il en va de même pour PADG, mais dans les 17 mentions se mêlent définitions et renvois de nature historique, tandis que, chez Soulières, c’est un glossaire, avec 15 entrées, qui suit le texte et informe le lecteur.

Notre objectif étant d’examiner les transformations entre les trois versions du récit, nous commencerons par comparer les lieux, avant d’aborder les personnages, puis les valeurs en jeu dans ces trois versions.

Les lieux

Un seul lieu référentiel, chez Robert Soulières, auteur du Baiser maléfique : le village de Cloridorme (p. 6), qui laisse peut-être entendre, de façon humoristique, que les habitants manquent un peu de vigilance…

L’histoire de Rose Latulipe se déroule essentiellement dans la maison de ses parents, où a lieu le bal. Cependant, en 1837, PADG transportait ses lecteurs au presbytère de la paroisse, au moment précis où le diable essayait de remplacer par un collier de perles le modeste collier de verre de Rose où pendait une petite croix. Finalement, l’étole du curé (qui avait eu une sorte de vision de cette âme à sauver) aura raison du maléfice en empêchant le méchant de se saisir de la pécheresse qui réclame à grands cris le couvent. L’épilogue de PADG se déroule cinq ans plus tard, dans l’église, aux funérailles de Rose qui s’est « rachetée » en devenant religieuse.

Les auteurs des deux versions plus récentes ont fait disparaître l’administration du sacré (Dumézil, 1968, p. 48) incarnée par le curé et, avec lui, les lieux religieux, espaces identitaires d’une époque révolue. Ainsi, le récit bénéficierait d’une unité de lieu digne des grandes tragédies classiques, si Robert Soulières n’avait pas fait brûler l’étable du père Latulipe, et si Cécile Gagnon n’avait pas imaginé Rose, irrémédiablement défraîchie, réfugiée chez les voisins, une fois la maison paternelle en feu.

Les personnages

Dans les trois versions, autour de Rose gravitent son père, qui l’adore ; Gabriel, son fiancé ; le diable fauteur de troubles et le choeur des villageois rassemblés chez les Latulipe pour le bal. Nous ne décrirons pas ici le personnage du curé assisté de son domestique, propre à PADG, ni Amélie, la mère de Rose, simple témoin ironique de la faiblesse du père pour sa fille chez Soulières et, elle aussi, folle de sa progéniture (p. 16).

Rose est porteuse de cinq caractéristiques, au moins.

Sa beauté remarquable, signalée de façon générale dans les versions masculines de PADG et de Soulières, est décrite, par Gagnon en ces termes, plutôt stéréotypés : « Elle était la plus jolie des jeunes filles ; sa peau était douce, ses joues roses, sa


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