femme est fréquente. Ici, l’événement se déroule
pendant une veillée du mardi gras, comme il y en avait beaucoup dans les
villes et villages de campagne du début du siècle. » Plus bas, sur la même
page, figure une carte simplifiée du Québec, comme pour chacun des contes
du recueil. Enfin, des notes en bas de page expliquent les termes régionaux
chez Gagnon (il y en a 5) ; il en va de même pour PADG, mais dans les 17
mentions se mêlent définitions et renvois de nature historique, tandis que, chez
Soulières, c’est un glossaire, avec 15 entrées, qui suit le texte et informe le
lecteur.
Notre objectif étant d’examiner les transformations entre les trois versions du récit,
nous commencerons par comparer les lieux, avant d’aborder les personnages, puis les
valeurs en jeu dans ces trois versions.
Les lieux
Un seul lieu référentiel, chez Robert Soulières, auteur du Baiser maléfique : le village de
Cloridorme (p. 6), qui laisse peut-être entendre, de façon humoristique, que les
habitants manquent un peu de vigilance…
L’histoire de Rose Latulipe se déroule essentiellement dans la maison de ses parents,
où a lieu le bal. Cependant, en 1837, PADG transportait ses lecteurs au presbytère de la
paroisse, au moment précis où le diable essayait de remplacer par un collier de perles
le modeste collier de verre de Rose où pendait une petite croix. Finalement,
l’étole du curé (qui avait eu une sorte de vision de cette âme à sauver) aura
raison du maléfice en empêchant le méchant de se saisir de la pécheresse qui
réclame à grands cris le couvent. L’épilogue de PADG se déroule cinq ans plus
tard, dans l’église, aux funérailles de Rose qui s’est « rachetée » en devenant
religieuse.
Les auteurs des deux versions plus récentes ont fait disparaître l’administration du
sacré (Dumézil, 1968, p. 48) incarnée par le curé et, avec lui, les lieux religieux, espaces
identitaires d’une époque révolue. Ainsi, le récit bénéficierait d’une unité de
lieu digne des grandes tragédies classiques, si Robert Soulières n’avait pas fait
brûler l’étable du père Latulipe, et si Cécile Gagnon n’avait pas imaginé Rose,
irrémédiablement défraîchie, réfugiée chez les voisins, une fois la maison paternelle en
feu.
Les personnages
Dans les trois versions, autour de Rose gravitent son père, qui l’adore ; Gabriel, son
fiancé ; le diable fauteur de troubles et le choeur des villageois rassemblés chez les
Latulipe pour le bal. Nous ne décrirons pas ici le personnage du curé assisté de son
domestique, propre à PADG, ni Amélie, la mère de Rose, simple témoin ironique de la
faiblesse du père pour sa fille chez Soulières et, elle aussi, folle de sa progéniture
(p. 16).
Rose est porteuse de cinq caractéristiques, au moins.
Sa beauté remarquable, signalée de façon générale dans les versions masculines de
PADG et de Soulières, est décrite, par Gagnon en ces termes, plutôt stéréotypés :
« Elle était la plus jolie des jeunes filles ; sa peau était douce, ses joues roses, sa