- 68 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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3. La Rose et le Diable de Cécile Gagnon

Dans La Rose et le Diable de Gagnon (2000), c’est Jules, le narrateur/lecteur, qui se trouve propulsé dans la légende de La chasse-galerie, sans nul doute celle d’Honoré Beaugrand, puisqu’on y lit le début de l’incipit « Pour lors que je vais vous raconter une rôdeuse d’histoire dans le fin fil » (p. 21). Jules est un jeune d’aujourd’hui qui, en pleine lecture de La chasse-galerie, se surprend en train de ramer dans le canot d’écorce, un rabaska. L’équipée est déjà de retour vers le camp des bûcherons.

Contrairement aux autres versions, ce n’est pas une fausse manœuvre ou une bagarre qui fait chavirer le canot mais bel et bien un juron associant le nom de Dieu, juron lâché par Baptiste Durand : « Ah! mes sacripants! Mes torrieux de bon guieu!! » (p. 32). Même le diable est présent : « Un ricanement sinistre a résonné dans l’air frais du matin ». Mais de l’enfer, point. Pourtant, ils ont bel et bien failli à leur pacte.

La version de Gagnon ne s’arrête pas au retour précipité, puisque dans le canot déserté, Jules découvre ligotée la femme du diable, la fameuse Rose Latulippe qui aime tant danser. On a donc l’intégration d’une deuxième légende célèbre du Québec, celle de Philippe Aubert de Gaspé. Jules libérera Rose Latulippe de l’emprise du Diable.

Ce conte merveilleux est donc un récit d’événements fictifs et donnés pour tels ; il a été écrit dans un but de divertissement.

4. « Ma chasse-galerie » de Marc Laberge

Enfin, dans « Ma chasse-galerie » de Laberge (1994), on retrouve cette absence de la double énonciation propre au récit légendaire. Son conte n’est pas non plus localisé pour ajouter cette touche de « vrai » propre à la légende.

Le narrateur est un jeune garçon de 9 ans, qui accompagne pour la première fois son père à la chasse. Le produit de cette chasse au collet apporte un peu plus de quoi manger à cette famille pauvre. Rappelons que le vol magique est ici « pour la vie ».

À l’instar des légendes amérindiennes, quoique dans ces légendes cela motive le vol magique, au retour de la chasse, le père et le fils aperçoivent « à travers les arbres, une ouverture qui formait comme un sentier » (p. 78). Le père s’y aventure « espérant découvrir un nouveau territoire giboyeux. » (p. 78). Ils y découvrent « un petit lac gelé avec environ deux cents à deux cent cinquante canards, les pattes prises dans la glace » qui battent des ailes pour se libérer.

Le père aidé de son fils casse la glace tout autour du lac, et au dernier moment, tous les deux sautent au centre. La plaque de glace sur laquelle ils sont s’élève alors grâce aux battements d’ailes des canards. Toutefois, au fur et à mesure que la glace fond, ceux-ci se dégagent et déguerpissent. Les deux protagonistes finissent par apercevoir leur maison et l’atterrissage forcé a lieu près de chez eux. Ce vol magique sur un lac gelé n’est pas tant un vol pour se ravitailler qu’un vol pour ramener les personnages à la maison, eux et le fruit de leur chasse au collet. On pourrait aussi noter que le vol magique pour l’amour s’effectue généralement dans un canot, symbole phallique par excellence, alors qu’ici le vol s’effectue sur une surface plane et circulaire où le gibier sert de propulseur.


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