- 66 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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en scène un conteur et un auditoire harmonisés, en ce sens qu’ils sont pareillement consentants et émus par le merveilleux évoqué par le récit (Ricard, 1979). « Tout se passe […] comme si l’écrivain n’existait pas, ou mieux comme si sa tâche n’avait été que d’enregistrer, pour la reproduire, la parole du vieux cuisinier [Joe le cook] qui a couru la chasse-galerie […] » (Ricard, 1979, p. 11–12).

Du récit légendaire au conte merveilleux3

3Selon la typologie des contes populaires de Simonsen (1981, tableau p. 12)

Or, La chasse-galerie, dans sa réinterprétation pour la jeunesse, glisse de la légende au conte, selon une lente métamorphose. En effet, et l’analyse des genres narratifs populaires menée par Simonsen (1984) nous permet d’étayer cette constatation, si la forme (prose) et les protagonistes restent sensiblement les mêmes (humains, êtres surnaturels), l’attitude et la fonction sociale se sont différenciées.

Dans son acception la plus classique, le conte est un court récit généralement en prose, qui comporte des événements irréels, invraisemblables, voire surnaturels, donc fictifs et donnés pour tels (Simonsen, 1981, p. 10) alors que la légende « est le récit d’événements considérés par le locuteur et les auditeurs comme véridiques, qu’ils s’agissent d’êtres surnaturels liés aux éléments (fées, ondins, lutins, follets), de personnages ou d’événements locaux, ou des miracles des saints » (Simonsen, 1981, p. 10–11). La légende a généralement pour source un fait historique, un personnage célèbre ayant existé ou un lieu rappelant un événement. La légende « est localisée » dira Simonsen (1984, p. 14), « les précisions de temps et de lieu sont liées de façon intégrante au récit ». Ainsi, dans La chasse-galerie de Beaugrand, on a cette précision : « On était la vielle du jour de l’an 1858, en pleine forêt vierge, dans les chantiers des Ross, en haut de la Gatineau » (Beaugrand, p. 17). Le vol se fait vers Lavaltrie. La légende est donc localisée dans le temps et dans l’espace, même si elle présente des êtres surnaturels, si elle sublime les histoires, ajoute ou modifie certaines péripéties en faisant intervenir le merveilleux.

La légende, comme nous venons de le voir dans le sens folklorique du terme, prône une attitude de vérité alors que le conte se loge définitivement du côté de la fiction. Quant à la fonction sociale, la légende tend vers la leçon de morale ou de sagesse alors que le conte vise le divertissement.

1. « La Chasse-Galerie ou le tapis magique du Québec » de Denise Houle

Des quatre œuvres de notre corpus, la seule qui soit un récit légendaire, est « La Chasse-Galerie ou le tapis magique du Québec » de Houle (1980). En effet, son récit colle de près à celui d’Honoré Beaugrand auquel d’ailleurs elle fait référence de façon explicite. « D’après un conte d’Honoré Beaugrand, publié en 1900 » peut-on lire sous le titre. Dans la version de Houle, le récit légendaire est également localisé dans le temps et dans l’espace : « C’est le dernier jour de l’année. […] au cœur de la forêt, canadienne, plus précisément en Mauricie » (p. 5). Plus avant, le canot volant atterrit à Pointe-aux-Trembles.


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