- 65 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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  1. La première catégorie de récits de chasse-galerie raconte une lutte pour la subsistance matérielle par l’acquisition de vivres. Des trappeurs, chasseurs et autres pêcheurs, éloignés d’une aire d’abondance par un espace hostile et infranchissable, profitent d’un vol magique « pour la vie » afin de se ravitailler, refusant l’ordre perturbé des choses et s’ingéniant à conjurer le sort pour qu’il soit meilleur.
  2. La deuxième catégorie de récits de chasse-galerie relate plutôt la satisfaction d’un manque affectif. Des bûcherons surtout, éloignés de leur coin de pays, de leur famille, de leur amour, par une route impraticable ou des horaires inflexibles, comblent leur désir grâce à l’intervention du vol magique « vers l’amour ». Ce vol permet de vaincre la peur et de rassembler dans la fête ceux que le dur labeur a séparés
  3. La troisième catégorie englobe les récits qui présentent des tentatives d’accession à une certaine éternité, voulant ainsi corriger les injustices du destin. Des êtres privés de la vie, refusent d’accepter le néant, le départ trop hâtif de la terre, grâce au vol magique « par la mort ». Ce vol leur permet d’établir un nouveau contrat existentiel dans un Au-delà qui leur rend justice.

Trois espaces à contrôler sont ainsi conviés, l’espace vital, l’espace affectif et l’espace existentiel.

Nos investigations nous ont permis pour l’instant d’identifier quatre œuvres québécoises qui proposent à la jeunesse des récits de chasse-galerie. Les voici en ordre chronologique de parution : Madeleine Chénard (1980) ; Denise Houle (1980) ; Marc Laberge (1994) ; Cécile Gagnon (2000). Parmi ces quatre œuvres, une seule propose un vol pour la vie (celle de Marc Laberge), les trois autres proposent un vol vers l’amour, et aucune, un vol par la mort.

La légende : une définition des folkloristes

D’abord, nous admettrons avec Purkhardt (1992, p. 69) et avec Ricard (1979, p. 11) que La chasse-galerie, celle des origines, est une légende et non un conte merveilleux. En effet, Purkhardt le démontre brillamment en établissant que la morphologie des contes merveilleux (Propp) relève des fonctions, donc des prédicats d’action alors que les légendes, comme dans le cas de La chasse-galerie, allient fonctions et prédicats d’état, c’est-à-dire les attributs. En d’autres mots, les fonctions ne jouent pas un rôle actif comme dans le modèle proppien.

Par ailleurs, puisqu’il s’agit ici de la légende de La chasse-galerie, nous avons adopté la définition des folkloristes formulée par Ricard (1979, p. 11) :

[…] chez les folkloristes, on appelle légendes les « récits oraux qui se rapportent à un passé où l’on croyait aux jeteux de sorts, aux revenants, aux feux follets (…), et qui (prennent) la plupart du temps la forme d’un souvenir personnel, ce qui (leur) donne une apparence de vérité ». Dès lors, le seul moyen pour un écrivain de publier d’authentiques récits légendaires serait de raconter lui-même ses propres aventures avec les revenants, ou bien de devenir une sorte d’enquêteur, c’est-à-dire de se joindre aux auditeurs et de consigner simplement par écrit les dires du conteur, sans intervenir aucunement et en se laissant fidèlement conduire par la parole narrattice.

La chasse-galerie d’Honoré Beaugrand concrétise tout à fait ces conditions. Son récit propulse bien le souffle et l’atmosphère propres au récit légendaire. Il met bien


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