- 58 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
  Erste Seite (i) Vorherige Seite (57)Nächste Seite (59) Letzte Seite (91)      Suchen  Nur aktuelle Seite durchsuchen Gesamtes Dokument durchsuchen     Aktuelle Seite drucken Hilfe 

les étendues dénudées des Barrens, tantôt montagneux et accidenté. (Curwood/Gruyer et Postif, 1937 [1925], p. 40)

Voici la note correspondant au Wild tirée de Croc-Blanc de London :

(1) Le Wild est un terme générique, intraduisible, qui, comme le Causse, le Maquis, la Brousse, la Pampa, la Steppe, la Jungle désigne une région particulière et l’ensemble des éléments types qui la constituent. Le Wild comprend, dans l’Amérique du Nord, la région traversée par le Cercle Arctique et celle qui l’avoisine, qui ne sont plus la terre normalement habitable, sans être encore la glace éternelle et la région morte du pôle. L’Alaska presque entier en fait partie. Les forêts, alternées de prairies, sont nombreuses et le sol, très accidenté, enferme divers gisements minéraux dont la houille et l’or. Durant la plus grande partie de l’année, l’hiver sévit et recouvre uniformément la terre. Elle fond et la glace se brise vers le mois de juin. Mais le sol ne dégèle jamais qu’à une faible profondeur. Un court été fait croître rapidement une végétation hâtive et luxuriante. Puis l’hiver reparaît bientôt, sans plus de transition, et le linceul funèbre s’étend à nouveau. (London/Gruyer et Postif, 1923, pp. 1–2)

Les termes de Wild et de Wilderness sont des dissimilèmes qui renvoient à des référents que les traducteurs choisissent de laisser en anglais dans le texte français. Leur analyse n’est pas sans fondement, comme on l’a vu : certains des romans des deux auteurs se déroulent dans les espaces désolés du Grand Nord et ces espaces sont les lieux significatifs des aventures racontées. Cela dit, ces deux notes quasi identiques établissent une équation entre les œuvres de London et de Curwood et il est peu probable que cette équation aurait été du goût des deux auteurs.

Conclusion

L’œuvre de Curwood est marquée par une conversion qui conditionne profondément ses thématiques. Cela n’est pas très courant. Bien sûr, tous les écrivains évoluent et leurs thématiques et même leurs convictions se modifient avec le temps. Du point de vue de la réception, des thématiques peuvent paraître heureuses à une époque et vieillies à d’autres époques. Avec Curwood on est face à une situation assez nettement différente. C’est à une véritable palinodie que l’on assiste dans son cas. Il n’existe pas d’études (à notre connaissance) sur son lectorat avant 1914 et après 1914. Il est possible qu’une partie des lecteurs fidèles du premier Curwood ne l’ait pas suivi dans sa conversion et qu’il se soit attiré une autre catégorie d’amateurs de récits respectueux de la faune sauvage. Quant aux traductions, elles sont effectuées dans le désordre le plus complet et les lecteurs français ne peuvent se rendre compte du revirement que subit l’œuvre. À cela il faut ajouter non seulement l’absence en traduction de la préface de Curwood où il explique sa conversion, mais encore l’homogénéisation des œuvres des deux auteurs américains, London et Curwood, pourtant très différents dans leur manière. Le jeune lecteur français a-t-il été en mesure de différencier des œuvres telles que Kazan de Curwood (traduit en 1925) de Croc-Blanc de London (traduit en 1923)? Même si cela est crucial pour chaque auteur, est-ce si important pour le lecteur? Cela n’est pas sûr. Les deux auteurs


Erste Seite (i) Vorherige Seite (57)Nächste Seite (59) Letzte Seite (91)      Suchen  Nur aktuelle Seite durchsuchen Gesamtes Dokument durchsuchen     Aktuelle Seite drucken Hilfe 
- 58 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires