- 46 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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frontières du lever et du coucher. Cet élément spatial est présent dans les incipits, frontière textuelle, comme on peut le lire par exemple dans Un secret dans mon jardin : « Le matin, je m’étire en bâillant, puis j’ouvre ma fenêtre sur le jardin » (Trudel 2001c, p. 7) et dans Les dimanches de Julie : « Tous les soirs, avant de m’endormir, je m’accoude à ma fenêtre. Et je regarde la rivière qui serpente mystérieusement dans la nuit ». (Trudel 1998a, p. 7) Comme l’a bien montré Philippe Hamon, le dispositif chambre-fenêtre-lieu ouvert est un topos qui a été abondamment utilisé dans le roman du 19e siècle pour opposer une intimité et une extériorité (Hamon, 1993, p. 212–213). Le spécialiste de l’idéologie dans le texte (Hamon, 1984) précise que cette opposition toujours orientée. Chez Trudel, le mouvement est généralement une ouverture vers le monde, le monde social, et à une plus vaste échelle, l’univers. Le regard se perd dans le lointain, prélude à la réflexion philosophique. Le paysage encadré par la fenêtre possède des lignes de fuite telles que le cours de la rivière, qui entraîne le jeune personnage à réfléchir sur les limites du temps et de l’espace. Dans le Grenier de monsieur Basile, le protagoniste jouit dans son grenier de deux orientations de fenêtre ; de l’une il voit la place idyllique du vieux village, de l’autre il aperçoit les grues, emblème de la modernité des nouveaux quartiers. Quand la fenêtre s’ouvre sur un paysage urbain, comme dans Le Royaume de Bruno, que nous allons aborder plus bas, les préoccupations sont sociales, toujours tournées vers l’Autre : « Le soir, appuyé contre ma vitre, je songe à tous ces gens déracinés. » (Trudel 1998b, p. 42)

L’élément aquatique est important dans les paysages romanesques de Trudel ; ligne de fuite vers le monde quand elle n’est pas apprivoisée, l’eau devient lieu de rencontre de la communauté sous la forme d’une fontaine, d’une patinoire ou d’une piscine. Il importe de noter le motif récurrent de l’eau qui mène au savoir. Dans Les dimanches de Julie, elle fait réfléchir sur le temps qui passe. Dans Pourquoi le monde est comme il est ?, le voyage d’une goutte d’eau permet d’envisager la grandeur du monde. Et c’est en suivant un ruisseau, qui « sent l’eau pure et la liberté » (Trudel 2002b, p. 23), note le narrateur, que les enfants se rendent à l’école.

Le village proposerait donc un équilibre entre une vie communautaire et une possibilité d’intimité dans la nature et de mouvement sans entrave. Il est à noter que le chalet isolé dans la nature n’est pas envisagé comme résidence permanente. Une saison au paradis l’indique dès le titre.

Espace semi-privé semi-public

Lieu rituel de la littérature pour la jeunesse – que l’on pense par exemple au classique The Secret Garden de Frances Hodgson Burnett (1907) – le jardin est présent dans la plupart des romans de Trudel. Cependant il n’acquiert de fonction importante que dans un seul roman, Un secret dans mon jardin. Ce jardin est dominé par un arbre magique, qui abrite une cabane. Encore une fois, la cabane n’est pas le lieu privé de l’enfant, qui cultive l’amitié et se fait un devoir et un plaisir d’y recevoir ses amis. L’intrigue s’ouvre par ailleurs largement sur la vie du village : les légumes que la famille vend au marché, les pizzas vendues par un « vrai Italien d’Italie » (Trudel 2001c, p. 34), etc. Les jardins qui semblent intéresser Trudel


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