- 35 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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mettre en valeur l’importance de la relation qui unit Beurre-Noir et sa fille. Dans le conte arabe, le trésor se constitue de pierres précieuses, d’objets de valeurs, d’or et d’argent en si grande quantité que les richesses semblent inépuisables. L’album reprend le motif du trésor, mais le déplace pour en faire le symbole de la relation père/fille. Or, l’idée d’un trésor inépuisable demeure et l’intertexte permet d’illustrer le caractère précieux et intarissable de l’amour qui unit le père et la fille.

Un jeu sonore s’installe entre le titre du texte cible et celui du texte source. Marie-Baba et les 40 rameurs reprend phonétiquement Ali Baba et les quarante voleurs. Il en résulte une certaine complicité entre l’auteure et les jeunes lecteurs qui connaissent l’existence de ce conte. Le « Marie » qui a remplacé le « Ali » confère au nom du personnage une dimension plus contemporaine et plus occidentale. Les « voleurs » ont également cédé la place aux « rameurs », ce qui est beaucoup moins menaçant. Ces mots semblent avoir été choisis pour l’écho sonore qu’ils provoquent et pour le ludisme qui découle de la similitude des deux intitulés.

La référence à Ali Baba et les quarante voleurs sème dans l’album la piste du conte en général. Comme la structure générale du conte s’articule autour de la quête d’un trésor ou d’un objet de valeur et que l’album dont il est ici question a pour trame narrative une course au trésor, il est possible d’affirmer que l’allusion au conte vient refléter le fonctionnement narratif de Marie-Baba et les 40 rameurs. Toutefois, là s’arrête le reflet. On l’a vu, le conte et l’album obéissent à des structures légèrement différentes, ce qui a pour résultat un Ali Baba fort passif et une Marie-Baba des plus actives. Ce contraste vient mettre un terme à l’effet métadiscursif de l’intertexte, le texte source ne nous renseignant plus sur les rouages internes du texte cible. Soulignons toutefois que ce contraste a pour effet d’attirer l’attention sur la spécificité de Marie-Baba, soit son autodétermination. Contribuant à la caractérisation du personnage, cet élément pourrait faire partie de la fonction herméneutique.

2. Traces postmodernes

L’album Marie-Baba et les 40 rameurs présente un certain nombre d’éléments appartenant au postmodernisme. D’un point de vue formel, le dialogue intertextuel que l’œuvre de Tremblay et Jolin entame avec le conte des Mille et une nuits participe de l’éclatement et de la pluralité propres à l’esthétique postmoderne. En prenant principalement appui sur la caractérisation des personnages, il est possible d’identifier les représentations discursives s’apparentant dans l’album au postmodernisme. Avec la pensée postmoderne, les dogmes sclérosés et les discours totalisants cèdent la place à la multiplicité des expériences et trajectoires individuelles. Le tout s’exprime ici par le biais du féminisme postmoderne et du relativisme des grandes oppositions de la métaphysique occidentale.

2.1 Discours féministes et trajectoire postmoderne

Nombreuses sont les œuvres québécoises pour la jeunesse qui représentent des sujets féminins reproduisant l’évolution des principaux courants féministes depuis la percée des égalitaires et des radicales sur la scène politique jusqu’à l’avènement d’un


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