Voyons maintenant comment le texte s’organise sur les trois axes énoncés par Greimas. La relation de désir ou de quête (axe du vouloir) va du sujet à l’objet de valeur. Le sujet est Ali Baba. L’objet valorisé est double. Au départ, il s’agit seulement du trésor découvert dans la caverne des voleurs. Mais à partir du moment où les voleurs apprennent qu’Ali Baba connaît leur secret et tentent de l’éliminer, la vie du héros est menacée. Avoir la vie sauve devient dès lors un objet pour lequel une quête est mise de l’avant. Soulignons que pour chacun de ces objets, Ali Baba ne mène pas de quête affirmée. S’il désire avoir accès au trésor, ce n’est pas par cupidité. Il n’en souhaite qu’une modeste part. Pour ce qui est d’avoir la vie sauve, Ali Baba n’a pas réellement conscience que son existence est menacée. Il ne lutte donc pas ouvertement pour sa survie. Dans l’ensemble, l’axe du vouloir est plutôt faible. La relation de communication (axe du savoir), pour sa part, va du destinateur au destinataire, en passant par le sujet et l’objet. Comme Ali Baba est à la fois destinateur, sujet et destinataire, et que le sentiment de quête est peu présent chez lui, l’axe du savoir est lui aussi ténu. La véritable force du conte réside dans la relation de lutte (axe du pouvoir), qui va de l’adjuvant à l’opposant, en passant par le sujet et l’objet. L’adjuvante, c’est Morgiane. C’est elle qui vient en aide à Ali-Baba, surtout en ce qui a trait à la quête visant à avoir la vie sauve. Plus que de lui prêter un coup de main, Morgiane mène presque entièrement la quête à la place du sujet. Consciente que la vie de son maître est menacée, elle démasque et assassine les trente-sept voleurs et leur chef (Ali Baba, naïf, ne reconnaît jamais ses ennemis et n’a donc jamais conscience qu’une lutte est enclenchée). Tout bien considéré, le schéma actantiel de ce conte révèle que le personnage d’Ali Baba est, en fait, un sujet fort passif. Il n’est pas habité outre mesure par sa quête, n’ayant |
