- 23 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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II. Le « Home » et le miroir de l’adolescence

On peut sans difficulté trouver dans les romans miroirs québécois des années 90 des œuvres qui répondraient aux différentes formules avancées pour caractériser le livre destiné aux enfants. Dans Cassiopée, l’été polonais de Marineau19

19MARINEAU, M. (1988). Cassiopée, L’été polonais, Boucherville, Québec, Québec / Amérique, « Titan ».
, l’héroïne s’enfuit de chez elle parce que le foyer familial ne lui convient plus. Elle y reviendra cependant à la fin. C’est une évolution du personnage qui permet le retour au bercail et change sa vision du « Home ». En fait, on assiste à une double mutation : une transformation du « Home » qui provoque d’abord une réaction de rejet et une transformation de l’héroïne qui la conduit à accepter la nouvelle situation. L’image que la jeune adolescente a du « Home » est, en effet, au début, perturbée par l’intrusion d’un étranger, d’un Autre : annonce de l’installation prochaine du compagnon de sa mère. Au cours de sa fugue, Cassiopée est hébergée par une famille polonaise qui incarne alors, à ses yeux, un « Home » idéal, au sein duquel toutes les aspirations individuelles semblent pouvoir se réaliser et qui vient donc compenser un manque, expérience qui coïncide pour elle avec la naissance des premiers émois amoureux. Mais l’image du « Home » idéal que l’héroïne s’est fabriquée ne correspond pas à la réalité. Il suffit que l’héroïne en prenne conscience pour évoluer et retourner vivre auprès de sa mère en acceptant la présence de l’Autre au sein du foyer familial.

Autre histoire de fugue : Élisa de noir et de feu de Raymond Plante20

20PLANTE, R. (1998). Élisa de noir et de feu, Montréal, La courte échelle, « Roman+ ».
. À la mort de sa grand-mère, en désaccord avec son père, Élisa quitte la maison familiale dont elle héritera finalement et qu’elle retournera habiter, avec le sentiment de faire un pas en avant et non pas celui de nourrir une nostalgie pour des temps anciens où tout était bien et un « Home » originel idéalisé. Car, comme le proclament les derniers mots du texte en reprenant une formule qu’affectionnait la grand-mère : « la vie, la vraie vie, c’est devant ».

Dans Le raisin devient banane21

21PLANTE, R. (1989). Le Raisin devient banane, Montréal, Boréal, « Boréal Inter ».
, dernier des romans de la suite que Raymond Plante a consacrée à François Gougeon, son jeune personnage décide de s’installer dans un appartement en ville avec son ami Luc. Le « Home » originel n’est pas devenu insupportable, mais il faut bien voler de ses propres ailes. L’endroit choisi n’est pas idéal mais le jeune héros n’épargne pas ses efforts pour le transformer en un lieu accueillant qu’il lui faudra bientôt défendre contre les assauts d’un intrus, amené par son ami Luc, individu dont l’égoïsme et les activités menacent le « Home » à peine ébauché et l’amitié entre François et Luc. Le perturbateur sera finalement chassé.

On peut aussi citer La Route de Chlifa de Marineau22

22MARINEAU, M. (1992). La Route de Chlifa, Boucherville, Québec, Québec / Amérique, « Titan ».
, qui appartient au genre du récit d’immigrant. La guerre chasse de chez lui le jeune Karim qui sera contraint de fuir le Liban, son pays, et de trouver refuge au Québec. Le récit est d’abord celui d’une traversée, un voyage à travers un pays, un « Home », qu’il faut quitter et dont on n’arrête pas de chanter les paysages. L’installation au Québec est douloureuse

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