- 16 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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le roman par une pratique picturale erratique et étrange : elle se promène d’une pièce à l’autre du nouvel appartement et, outil de l’artiste à la main, recouvre de couleur or tous les objets.

Et elle continue son chemin, son pinceau dans l’autre main, les yeux vagues. De l’or liquide dégouline sur le plancher. (Gingras, 2003, p. 17)

C’est la découverte du piano qui permettra la reconfiguration identitaire de la mère et complétera la construction de l’espace romanesque. Ainsi, dès lors que sa fille Clara aura identifié le lieu où se trouve l’instrument de musique, elle acceptera de sortir de la maison et de se rendre chez les religieuses. Retrouvant sa voix, elle tissera, enfin, de nouveaux liens avec la vie.

[…] maman donnera un récital intime. Son premier récital depuis 20 ans.

Ah! voilà maman. Elle a revêtu le chemisier aux fils d’or qu’elle mettait autrefois lorsqu’elle jouait et chantait sur scène. Elle flamboie comme un soleil. (Gingras, 2003, p. 62)

Au terme de l’histoire, « fondu » dans l’athanor que constitue le parcours de Clara, et déposé dans le creuset du piano, l’or du vêtement actualise la fin de la quête. La transmutation de la mère accomplie, le roman se termine, scellant définitivement la configuration spatiale de l’œuvre dont la littérarité et le caractère philosophique s’avèrent, du même coup, clairement et littéralement « mis en lumière ».

*

Dans La boîte à bonheur comme dans toutes les œuvres de qualité pour la jeunesse, l’espace n’est ni un bloc monolithique, ni une simple toile de fond pour l’histoire. Il en va certes de même en littérature générale. Cela dit, envisager l’espace romanesque depuis la perspective sui generis du modèle IAL permet de démontrer combien la construction de l’espace dans les œuvres littéraires destinées à un jeune public est modulée par le caractère intrinsèquement intentionnel des œuvres et, en cela, combien elle participe d’une poétique et d’une esthétique propres. Bâti en couches superposées, l’espace romanesque en littérature pour la jeunesse est un construit singulier. L’établissement d’une strate fondamentale – espace générique – composée de lieux propres à l’enfance3

3Les lieux typiques des contes et des récits pour enfants (forêt, château, grotte, etc.) peuvent, comme lieux génériques intertextuels, être également mis à contribution dans la constitution de l’espace représenté en littérature pour la jeunesse.
(maison, école, parc d’amusement, etc.) en est une illustration incontestable. Visant la « reconnaissance » et pointant par là l’identité du lecteur, ces lieux cruciaux pour l’élaboration de la configuration spatiale sont, en quelque sorte, les portes par le biais desquelles le lecteur ciblé peut franchir le seuil de la fiction. Ils sont également plates-formes pour observer l’ensemble des objets spatiaux afin d’élaborer l’espace configuré et de pouvoir accéder à l’espace symbolique. À ce dernier égard, il faut souligner qu’en littérature pour la jeunesse l’instauration de rapports complexes – mais accessibles pour le destinataire visé – entre espace et personnage demeure l’un des procédés privilégiés par les auteurs pour la mise en relief des sens seconds de l’œuvre.


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