- 14 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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repérables dans le texte. Dans le roman, l’espace que ces représentations construisent assume une fonction que j’appellerai - empruntant au vocabulaire définitoire de la description – mimésique2
2Je recours, pour la définition des fonctions mimésique, mathésique et sémiosique, aux définitions succinctes de Vincent Jouve (2001) dans la synthèse qu’il consacre aux fonctions de la description.
pour mettre en relief le fait que l’espace représenté a pour rôle de « donner l’illusion de la réalité » (Jouve, 1997, p. 43). Dans La boîte à bonheur, la narration est assumée par une enfant-narratrice. Le lieu topique le plus important dans l’univers de cette enfant – le piano qui est ici tout autant objet qu’espace – correspond à un topos connu de l’enfant (le « ventre » où se réfugier), perçu, sur le plan des valeurs, comme positif et salvateur. C’est la reconquête de cet espace qui motivera l’ensemble de l’aventure de Clara.

La deuxième fonction des représentations spatiales liées à la ligne de tension I/A sera dite fonction de reconnaissance. Elle est légèrement différente de la première, en ce qu’elle met en lumière, dans la perspective du destinataire de l’oeuvre, davantage la relation à une expérience spécifique de l’espace vécu – une relation au « même » – qu’une représentation romanesque tout azimut du monde réel. La fonction mimésique peut s’appliquer à tout roman réaliste : Barthes parle d’ « effet de réel » ; Pam Morris, en 2003, dans Realism, préfère l’expression « empirical effect » (Morris, 2003). La fonction de reconnaissance se distingue de la précédente par le fait qu’elle est assumée obligatoirement par l’espace générique. Faisant partie de l’espace représenté, cette sous-catégorie mérite d’être distinguée en littérature pour la jeunesse. Dans les œuvres destinées à un jeune public, les lieux regroupés sous cette bannière correspondent à une expérience de l’espace commune à tous les destinataires. Il s’agit des lieux emblématiques de l’enfance : la cour arrière de la maison, la chambre, le parc, la garderie, l’école, l’espace sous la table ; ou de l’adolescence : la polyvalente (au Québec), la salle de danse, le collège, le lycée, la chambre, etc. Ces lieux pourront, bien évidemment, varier selon l’âge des lecteurs et la société de laquelle ils sont issus. C’est la « maniabilité » de l’espace pour le jeune lecteur auquel l’œuvre est destinée qui est ici mise en jeu et non la simple mimesis. Cette microgéographie personnelle qui s’enchâsse dans la topographie de l’espace romanesque est une médiation essentielle pour la construction de ce dernier et un vecteur de l’appropriation de cet espace par le lecteur.

2.2 Accessibilité/littérarité (A/L)

La seconde ligne de tension, celle formée par la liaison des concepts d’accessibilité et de littérarité, entretient un lien d’interdépendance avec l’espace générique. Ce dernier permet, en effet, le passage de l’espace représenté au niveau suivant, celui de l’espace configuré. Au sens strict, l’appréhension des éléments emblématiques génériques – mais ici selon le mode propre à la configuration spatiale de l’oeuvre – assure la poursuite de la construction de l’espace romanesque, un non donné du texte, un édifice qui ne peut s’ériger que progressivement. La fonction associée au dévoilement progressif de cette configuration spatiale unique – pensez aux origamis japonais qui se déploient lentement sur l’eau – est la fonction mathésique qui assure la diffusion d’un savoir sur le monde. Le croisement de ce que l’on pourrait appeler la « table primaire » des localisations génériques avec les lieux topiques


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