1.3. Aspects thématiques
Malgré leur traitement fort différent, certains thèmes sont récurrents dans les deux
ouvrages. Parmi ceux-ci, citons le mariage, la descendance ou la royauté. Cependant,
certains contes des deux recueils présentent des ressemblances troublantes au point où
l’on est porté à croire qu’ils ont une origine commune (Simonsen, 1981, p. 32), et que le
conte de Grimm correspondant, postérieur, doit être assimilé à une forme de réécriture.
(Nous y reviendrons).
2. Modes de réécriture
L’analyse des deux recueils nous amène à y distinguer quatre modes de réécriture :
réécriture actualisée, réécriture « zéro », adaptation et traduction.
- La réécriture actualisée est le procédé selon lequel un auteur écrit de nouveau le récit en
lui faisant subir quelques modifications plus ou moins importantes selon qu’il suivra sa
fantaisie ou son souci de rigueur, souci qui conférera au conte une certaine « épaisseur »
(De Cruyenaere et Dezutter, 1990, p. 59) et, le plus souvent, une « cohérence interne ».
Par le biais d’une réécriture actualisée, un auteur vise à transmettre le plus clairement
possible la trame, les enjeux et les thèmes du conte de façon à être compris par ses
contemporains ;
- La réécriture « zéro » est le procédé selon lequel un auteur choisit de rapporter tels quels
les éléments sources du récit sans se soucier de les « actualiser » ou « moderniser ».
Dans un tel cas, le récit constitue « une réserve de formes qui attendent leur sens »
(Genette, 1966, p. 32) et qui obligent le lecteur à « interpréter » les réalités selon ses
propres référents, ceux qu’il s’est construits en s’ouvrant sur le monde (Ricoeur, 1972 ;
Jauss, 1978 ; Éco, 1965).
- L’adaptation est le procédé selon lequel un auteur écrit de nouveau le récit en le
transformant pour un public autre que celui auquel il était destiné ou pour une fin
modale autre que celle pour laquelle il a été produit. Par exemple, quand il adressera à
un jeune lectorat occidental certains contes des MN, l’auteur les réécrira en en oblitérant
les passage érotiques. La réécriture « adaptative » peut aussi se définir par des
transformations de type modal lors de la transposition d’un récit en opéra ou en
production cinématographique ;
- La traduction est le procédé selon lequel un auteur écrit de nouveau le récit en le
transposant d’une langue à l’autre. Même si ce procédé comporte d’autres connotations
ou pourrait appeler à d’autres nuances, cette définition suffira aux fins de notre analyse.
(Genette, op. cit.)
2.2 Exemples de réécriture
Voici comment chaque mode de réécriture se réalise dans l’un ou l’autre type des contes
étudiés.