- 43 -Gervais, Flore; Noël-Gaudreault, Monique: Littérature de jeunesse et espaces identitaires 
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par les anthropologues (Van Gennep, 1909), en observant la façon dont l’univers fictionnel de Trudel effectue cette tripartition. Selon Iouri Lotman auquel nous empruntons le concept d’espace artistique, l’opposition « clos-déclos » est un trait essentiel de l’organisation spatiale du texte (Lotman 1973, p. 321). Or il nous semble que chez Trudel tout le mouvement des récits vise à réduire cette opposition. C’est pourquoi la zone intermédiaire et le passage d’un espace à l’autre retiendront particulièrement notre attention.

L’espace privé

La plupart des romans retenus pour cette étude adoptent une perspective juvénile, aussi aborderons-nous la question sous cet angle. Comment le jeune protagoniste décrit-il son espace privé ? Le roman pour enfants de Trudel, qui aborde sur le plan philosophique la raison d’être au monde du héros3

3Particulièrement dans Le monde de Félix.
, ne manque pas de situer celui-ci dans l’espace. Les incipits ou les premiers chapitres des romans manifestent un souci d’assigner au narrateur autodiégétique une place précise et bien à lui. Les dimanches de Julie4
4Ce roman a remporté le prix français Saint-Exupéry, catégorie Francophonie, en 1998.
et Le royaume de Bruno offrent des descriptions très similaires à cet égard :

Moi le sens de ma vie, c’est de vivre dans une maison en bardeaux de mélèze.

Dans cette maison, sous les lucarnes, il y a une chambre qui donne sur les arbres. Dans un coin de cette chambre parfumée se trouve un lit à deux étages.

Le soir, je me glisse dans le lit du dessous. Maude grimpe à l’échelle qui grimpe au lit du dessus. Nous sommes toutes les deux à notre place dans la nuit. (Trudel 1998a, p. 18–19)

Au cœur du quartier Rosemont, dans la paroisse Sainte-Philomène se trouve une maison aux longs escaliers. L’adresse : 6624, 15e Avenue. […]

Au deuxième étage, il y a un lit avec des pieds à roulettes.

Au creux de ce petit lit d’enfant, la nuit, un garçon dort en boule. Son pyjama est zébré comme un tigre ou tigré comme un zèbre. Ce drôle de garçon à rayures, eh bien, c’est moi! (Trudel 1998b, p. 7)

On remarque dans les deux descriptions le même procédé d’emboîtement : dans la maison, la chambre, et dans la chambre le lit, espace personnel de l’enfant et lieu de ses réflexions. Le narrateur y est à sa place, comme le formule Julie.

L’incipit de Pourquoi le monde est comme il est ? présente également un intérêt de ce point de vue. Le personnage-narrateur reprend conscience le matin : « À la sonnerie du réveil, le soleil se lève, comme un écolier. Mes rêves s’éteignent et mes yeux s’ouvrent, mais je suis perdu. » (Trudel 2002b, p. 9) Son regard parcourt alors les objets familiers disséminés dans sa chambre, et il se souvient : « Ça y est, je sais où je suis. Je suis dans ma chambre et ces choses m’appartiennent. Je me rappelle même mon nom : Zacharie. » (p. 10) Il explique plus loin : « Je me


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