de Grahame est bien destiné aux
enfants mais pas l’oeuvre de Twain. On peut, bien entendu, trouver cette position
contestable, mais elle a le mérite de dégager deux visions antagonistes que David
Sopher
6
SOPHER, D. (1979). « The Landscape of Home : Myth, Experience, Social Meaning », dans
D.W. MEIGNIG, (ed.), The Interpretation of ordinary landscapes : geographical essays, New York –
Oxford, Oxford University Press, p. 129–149.
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résumera, à sa façon, dans une opposition entre deux conceptions du « Home » : une
conception « domocentrique » d’un « Home » attractif (c’est le lieu où il faut se
réfugier) et une conception « domifuge » d’un « Home » répulsif (c’est le lieu qu’il
faut fuir).
Jon C. Stott et Christine Doyle
Francis7
STOTT, J.C. et C.D. FRANCIS (1993). « ‘Home’ and ‘Not Home’ in Children’s Stories : Getting
There – and Being Worth It », Children’s Literature in Education, 24, (3), Septembre,
p. 223–233.
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construisent leur conception du récit destiné aux enfants sur l’antithèse « Home »
–« Not home », c’est-à-dire sur des représentations positive et négative du « Home ».
Si le « Home » favorise généralement l’épanouissement physique et émotionnel de
l’enfant, les auteurs constatent que de nombreux récits destinés aux enfants mettent
en scène des personnages qui se sentent aliénés dans le milieu où ils vivent
et tentent de lui échapper. Soit c’est l’attitude du jeune héros, ou des autres
personnages à son égard, qui rend le « Home » insupportable ; dans ce cas,
seule une évolution psychologique du héros, ou des autres, est susceptible de
modifier la perception que l’enfant a du « Home » originel et transformer un lieu
inhospitalier en un lieu accueillant. Soit c’est le lieu lui-même qui est hostile et aucune
évolution du personnage ne pourra jamais le métamorphoser ; le héros entreprend
alors un voyage afin de trouver refuge dans un lieu plus accueillant dont il
devra cependant se montrer digne, s’il veut que celui-ci devienne un véritable
« Home ».
Perry Nodelman8
NODELMAN, P. (1996). The Pleasures of Children’s Literature, White Plains, N. Y., Longman, 7e
édition.
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construit la spécificité de la littérature enfantine sur la structure « Home –
away – Home ». Pour affiner l’antithèse « Home – Away », il élabore
une liste d’oppositions binaires où les valeurs négatives et positives se
répartissent autour de chacun des deux pôles et dépassent donc l’opposition
sécurité / danger qui prévaut généralement dans la définition des deux entités
antagonistes
9 .
Nodelman distingue alors trois courants : (a) des récits qui privilégient
les attentes des adultes où le « Home » est fondamentalement associé
à l’ennui mais aussi à la sécurité : c’est donc le lieu où il convient de
demeurer
10
« Goodness consists of the adult values represented by home », Ibid., p. 157.
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;
(b) des récits qui répondent aux attentes que les adultes pensent être celles des enfants : là, il
faut fuir l’ennui du « Home » pour répondre à l’appel de l’aventure, quels que soient les dangers
encourus
11
« Goodness consists of the presumably childlike values represented by being away from home »,
Ibid., p. 157.
|
;
(c) des récits qui hésitent entre la sécurité du « Home » et l’excitation
de l’aventure : l’enfant qui s’ennuie à la maison se laisse séduire par
l’aventure, mais le danger le ramène à la sécurité du « Home », où l’ennui
qui le gagne à nouveau rend le monde extérieur plus attractif, et ainsi de
suite
12 .